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sinon dénoncées comme barbares. Convenons-en, les barbares sont ceux qui ne veulent pas voir ces ouvrages placés sous leurs yeux, et qui, sur la foi d’un enseignement étroit, vont étudier au loin des monuments d’un ordre très-inférieur à ceux-ci sous tous les rapports.

Les trois portes de la façade de la cathédrale de Paris, comme la plupart de celles élevées à cette époque (de 1200 à 1220), ont cela de particulier, qu’elles présentent une masse très-riche au milieu de surfaces unies, simples. Cette disposition contribue encore à donner plus d’éclat et d’importance à ces entrées. Elles ne sont reliées que par les niches décorant la face des contre-forts qui les séparent, niches qui abritent les quatre statues colossales de saint Étienne, de l’Église, de la Synagogue et de saint Marcel. Mais bientôt ce parti architectonique, d’un effet toujours sûr, parut trop pauvre. Les portes furent reliées à tout un ensemble d’architecture de plus en plus orné ; elles ne formèrent plus une partie distincte dans les façades, mais furent reliées, soit par des portails avancés, comme à Amiens, soit par un système décoratif général, comme à Reims, à Bourges, à Notre-Dame de Paris même, aux extrémités du transsept ; comme aux portails des Libraires et de la Calende à la cathédrale de Rouen. Cependant elles conservèrent leurs profondes voussures, leurs tympans, leurs trumeaux ; mais les archivoltes de ces voussures furent surmontées de gâbles presque pleins d’abord, comme aux portails nord et sud de Notre-Dame de Paris, comme à la porte principale de la cathédrale de Bourges, puis ajourées entièrement, comme à la cathédrale de Rouen et dans tant d’autres églises du XIVe siècle[1]. Ainsi que nous le disions tout à l’heure, à propos de la porte principale de Saint-Urbain de Troyes, la statuaire perdit l’ampleur que les artistes du commencement du XIIIe siècle avaient su lui donner ; les sujets des tympans se divisèrent en zones de plus en plus nombreuses ; les figures des voussures, en buste parfois, pour leur conserver une échelle en rapport avec celles des tympans, furent sculptées assises, ou même en pied, réduites de dimension par conséquent ; les dais séparant les statuettes des voussures prirent plus d’importance, ainsi que les moulures des archivoltes ; les statues des ébrasements entrèrent dans des niches séparées et ne posèrent plus sur une saillie prononcée, comme celles de la porte de la Vierge de Notre-Dame de Paris : des colonnettes s’interposèrent entre elles. Ces statues se perdent ainsi dans l’ensemble. À la fin du XIVe siècle, les formes de l’architecture et l’ornementation paraissent étouffer la statuaire. La grande école s’égare au milieu d’une profusion de détails trop petits d’échelle ; les formes s’allongent et les lignes horizontales tendent à disparaître presque entièrement. L’exécution cependant est parfaite ; l’appareil, le tracé des profils sont combinés avec une étude et un soin merveilleux.

On a pu remarquer dans les exemples de portes de la fin du XIIe siècle et

  1. Voyez Gâble.