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munication les défenseurs postés à l’étage supérieur avec les servants de la seconde herse et avec les gens des postes inférieurs. Ces trous, qui ont 0m,63 de largeur sur 0m,50 de large, permettaient même au besoin de placer des échelles. Mais ils étaient surtout percés pour faciliter le commandement, qui partait toujours de la partie supérieure des défenses. La figure 5 présente la coupe longitudinale de la porte faite sur l’axe. On voit, en B, l’interruption du tablier du pont ; en C, la coulisse de la première herse, et en D, la coulisse de la seconde. La première herse est manœuvrée de l’étage supérieur, en E, placé immédiatement sous le plancher réservé aux défenseurs. La seconde herse est manœuvrée de la chambre dont nous avons donné le plan (fig. 4). Les trous des hourds de la défense supérieure sont apparents en G[1]. Devant la première herse est disposé un grand mâchicoulis ; un second mâchicoulis est percé devant la seconde herse. En H, nous donnons la coupe de la chambre de la herse faite sur la ligne abcd du plan (fig. 4), avec les salles voûtées du rez-de-chaussée et du premier étage. La coupe (fig. 5) montre également les escaliers de bois qui permettent de monter de la cour du château, soit à la chambre de la herse, soit à l’étage supérieur. Une première porte de bois était disposée en avant de la fosse, sur le pont, en I, afin de commander le tablier de celui-ci. Cet espace en avant de la première herse était abrité des traits qu’auraient pu lancer les assaillants, par un petit comble en appentis, laissant d’ailleurs passer les projectiles tombant du premier mâchicoulis. Ainsi, en cas d’attaque, une garde postée sur le tablier mobile couvrait d’abord le tablier du pont fixe de projectiles. Si l’on prévoyait que la porte I allait être forcée, on faisait tomber le tablier mobile. Du haut de la tour d’où l’on pouvait facilement voir les dispositions de l’attaque, on laissait couler la herse, on fermait le vantail derrière elle, et l’on commandait, au besoin, de laisser tomber la seconde herse. Alors toute la défense agissait du haut, soit par les hourds, soit par les meurtrières, soit par le grand mâchicoulis. Si l’on voulait prendre l’offensive et faire une sortie, on commandait du haut de lever la seconde herse, on massait son monde sous le passage de la porte, on préparait une passerelle, on faisait lever la première herse et l’on ouvrait le vantail. Était-on repoussé, on rentrait quelquefois ayant l’ennemi derrière soi ; mais en laissant du haut tomber la première herse, on séparait ainsi les assaillants les plus avancés de la colonne massée sur le pont et on les faisait prisonniers.

La figure 6 est une vue perspective de la porte prise du pont, en supposant la défense de bois et son appentis enlevés. Sur les flancs des tours on voit les deux corbeaux destinés à porter la traverse postérieure de cet appentis. La première herse est supposée levée et la fosse non fermée par son tablier mobile. Sauf les herses qui ont été supprimées, mais dont toutes les attaches et les moyens de suspension sont appa-

  1. Voy. Hourd, fig. 1.