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nir une place plus favorable au statuaire. Les ébrasements obliques, éclairés par le soleil de la manière la plus variée, donnent aux sculptures un relief qui semble leur prêter la vie. Aussi la plupart de ces grands portails, tels que ceux de Notre-Dame de Paris, de Reims, d’Amiens, forment de véritables poëmes en pierre qui attirent toujours l’attention de la foule (Voy. Cathédrale, Porte.)

PORTE, s. f. Baie servant d’issue, au niveau d’un sol. Toute porte se compose de deux jambages, d’un linteau ou d’un cintre. Les jambages possèdent un tableau et une feuillure destinée à recevoir les vantaux. Nous diviserons cet article en portes fortifiées de villes et châteaux ; en portes de donjons et tours ; en poternes ; en portes d’abbayes ; en portes d’églises, extérieures et intérieures ; en portes de palais et maisons, extérieures et intérieures.

Portes fortifiées tenant aux enceintes de villes, châteaux, manoirs. — Il existe encore en France quelques portes romaines et gallo-romaines qui présentent les caractères d’une issue percée dans une enceinte et protégée par des défenses. Telles sont les portes de Nîmes, d’Arles, de Langres, d’Autun : les premières antérieures à l’établissement du christianisme ; celles d’Autun datant du IVe ou Ve siècle. Ces portes sont toutes dressées à peu près sur un même plan. Elles consistent en deux issues, l’une pour l’entrée, l’autre pour la sortie des chariots, et en deux passages pour les piétons ; elles sont flanquées extérieurement de deux tours semi-circulaires formant une saillie prononcée. Les portes d’Arroux et de Saint-André, à Autun, sont surmontées, au-dessus des deux arcs donnant passage à travers l’enceinte, d’un chemin de ronde à claire-voie, qui pouvait servir au besoin de défense. Les baies, s’ouvrant sur la voie publique, n’étaient fermées que par des vantaux de menuiserie, sans herses ni ponts mobiles[1].

La porte de Saint-André, à Autun, est l’une des plus complètes de toutes celles que nous possédons en France, et se rapproche de l’époque du moyen âge[2]. Elle est d’ailleurs entièrement tracée sur le modèle antique, et possède deux voies A (fig. 1), deux issues pour les piétons B, deux tours C, servant de postes militaires, avec leurs deux escaliers D montant aux étages supérieurs[3]. On retrouve encore sur la voie en A des fragments nombreux de ce pavé romain en gros blocs irréguliers. Au droit des deux poternes B étaient établis des trottoirs, et en E était creusé un large fossé dont on aperçoit encore le

  1. Les traces de herses apparentes dans les pieds-droits de ces portes datent du moyen âge.
  2. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, cette porte paraît ne pas remonter au delà du Ve siècle.
  3. La tour de droite seule existe jusqu’au niveau du sommet de la porte, mais son escalier, dont on ne voit plus que les traces, a été détruit.