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ardoises suivent les pentes de ces gâbles, de sorte que les eaux s’écoulent par des caniveaux posés sur les arcs-boutants et par les gargouilles posées au devant des contre-forts (voy. la coupe). Par derrière, ces combles forment croupe avec chéneau, afin de dégager les grandes fenêtres du transsept. Les gâbles indiquent donc la forme des combles, ce qui est rationnel. Au-dessus des deux portes percées sous le porche s’ouvrent deux fenêtres, ainsi que le fait voir la figure 32, fenêtres dont les meneaux se combinent adroitement avec les gâbles à jour qui surmontent ces deux portes.

La construction des porches de saint-Urbain est conçue comme celle de toutes les autres parties de cette jolie église ; c’est-à-dire qu’elle se compose de grands morceaux de pierre de Tonnerre formant une véritable devanture pour les archivoltes, gâbles, balustrades, claires-voies et clochetons, et d’assises basses pour les contre-forts. Quant aux remplissages des voûtes, ils sont faits en petits matériaux[1]. Ces porches, comme toute la construction de l’église de Saint-Urbain, élevée d’un seul jet, datent des dernières années du XIIIe siècle, et sont une des œuvres les plus hardies et les plus savantes du moyen âge. Le XIVe siècle n’atteignit pas cette légèreté, et surtout cette largeur de composition, dans les œuvres du même genre qu’il eut à élever. Ainsi le porche méridional de l’église Saint-Ouen de Rouen, bâti vers la fin du XIVe siècle, est loin d’avoir cet aspect ample et léger ; il est plus lourd et surchargé de détails, qui nuisent à l’ensemble. Le porche occidental de l’église de Saint-Maclou, à Rouen, est certainement un des plus riches qu’ait élevés le XVe siècle, mais il prend toute l’importance d’une façade, et ne semble pas avoir cette destination spéciale si bien indiquée à Saint-Urbain de Troyes[2]. La disposition du porche de Saint-Maclou a cela d’intéressant cependant, qu’elle se prête à la configuration des voies environnantes, et que les arcs latéraux forment en plan deux pans coupés très-obtus avec l’arc central, pour donner à la foule des fidèles un accès plus facile.

L’église de Saint-Germain l’Auxerrois, à Paris, possède un porche du commencement du XVe siècle, qui est parfaitement conçu. Il s’ouvre sur la face par trois arcades principales qui comprennent la largeur de la nef, et par deux arcades plus étroites et plus basses, au droit des collatéraux ; une arcade semblable de chaque côté, en retour, donne des issues latérales. Les voûtes fermées sur les deux travées extrêmes plus basses sont surmontées de deux chambres couvertes par des combles aigus et éclairées par de petites fenêtres percées dans les tympans rachetant la différence de hauteur entre les grands et les petits arcs. Une balustrade couronne cette construction couverte en terrasse, sous la rose, dans la partie centrale.

  1. Pour le système de construction adopté à Saint-Urbain de Troyes, voyez, à l’article Construction, les figures 103, 104, 105 et 106.
  2. Voyez les belles photographies que MM. Bisson frères ont faites de ce porche.