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de charrettes attachées les unes aux autres, et garnies de madriers par-dessus[1].

Ces exemples suffisent pour démontrer que les ponts de bateaux ont été usités pendant le moyen âge[2], soit pour servir à poste fixe, soit pour faciliter le passage des armées. Ces sortes de ponts préoccupèrent fort les ingénieurs militaires pendant le XVIe siècle ; les ouvrages qu’ils nous ont laissés présentent quantité de moyens plus ou moins pratiques employés pour rendre l’établissement de ces ponts facile, et pour les jeter rapidement sur une rive ennemie. On cherchait alors à rendre les pontons transportables, et, à cet effet, on les composait de plusieurs caisses étanches qui s’accrochaient les unes aux autres.

PORCHE, s. m. Les plus anciennes églises chrétiennes possédaient, devant la nef réservée aux fidèles, un porche ouvert ou fermé, destiné à contenir les catéchumènes et les pénitents. Cette disposition avait été empruntée aux basiliques antiques, qui étaient généralement précédées d’un portique ouvert. Lorsqu’il n’y eut plus de catéchumènes en Occident, c’est-à-dire lorsque le baptême étant donné aux enfants, il ne fut plus nécessaire de préparer les nouveaux convertis avant de les introduire dans l’église, l’usage des porches n’en resta pas moins établi, et ceux-ci devinrent même, dans certains cas, des annexes très-importantes, de vastes vestibules souvent fermés, pouvant contenir un grand nombre de personnes et destinés à divers usages. Il faut reconnaître même que l’habitude de construire des porches devant les églises alla s’affaiblissant à dater du XIIIe siècle ; beaucoup de monuments religieux en sont dépourvus depuis cette époque, notamment la plupart de nos grandes cathédrales, tandis que jusque vers le milieu du XIIe siècle, on ne concevait pas une église cathédrale, conventuelle ou paroissiale, sans un porche au moins, devant l’entrée majeure.

Les porches paraissent avoir été adoptés dans nos plus anciennes églises du moyen âge. C’était, dans l’Église primitive, sous les porches ou vestibules des basiliques, que l’on enterrait les personnages marquants, les empereurs[3], les évêques. Aussi l’usage d’encenser ces lieux et d’y chanter des litanies s’était-il conservé dans quelques diocèses, car il faut observer qu’avant le XIIe siècle, les lois ecclésiastiques interdisaient d’enterrer les morts dans l’intérieur même des églises. Sous les porches étaient alors placés les fonts baptismaux, des fontaines dans lesquelles les fidèles faisaient leurs ablutions avant d’entrer dans la nef ; les exorcismes se pratiquaient aussi sous les porches. Il était défendu d’y tenir des plaids et de s’y rassembler pour affaires temporelles. On y exposait, à certaines occa-

  1. Alain Chartier, Hist. de Charles VII, 1421.
  2. Voyez quelques-uns de ces ponts de bateaux et de barriques reproduits dans le traité De re militari, de Robertus Valturius (Paris, 1534).
  3. Voy. Eusèbe, lib. IV, cap. lx, De vita Constantini.