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[pinacle]
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pinacles remplissent une fonction : ils sont destinés à assurer la stabilité des points d’appui verticaux par leur poids ; ils maintiennent la bascule des gargouilles et corniches supérieures ; ils arrêtent le glissement des tablettes des pignons ; ils servent d’attache aux balustrades ; mais aussi leur silhouette, toujours composée avec un art infini, contribue à donner aux édifices une élégance particulière. Quelquefois, pendant la période romane, ce sont des amortissements très-simples. Les contre-forts des XIe et XIIe siècles, dans le Beauvoisis, par exemple, sont souvent terminés, à leur extrémité supérieure, par un cône recourbé à la pointe. Ces contre-forts cylindriques présentent donc les amortissements reproduits dans les figures 1 et 2[1].

L’église collégiale de Poissy conserve encore, sur l’un des angles de l’escalier de l’abside terminé par une piramide octogone, un pinacle du commencement du XIIe siècle, dont nous donnons (fig. 3) un dessin perspectif. Ce pinacle se compose de quatre colonnettes portant un groupe de chapiteaux taillés dans une même assise ; un cône terminé par un fleuron couronne les chapiteaux. Ce pinacle est fort petit, 1m,30 de haut environ ; il se trouve fréquemment adopté dans les édifices de cette époque à la base des piramides des flèches. Le clocher vieux de Chartres possède aux angles de la tour, à la naissance de la flèche, des pinacles d’une belle composition, qui servent en même temps de lucarnes (voy. Flèche, fig. 4) ; ceux-ci datent du milieu du XIIe siècle.

Les donjons des châteaux possédaient aussi presque toujours leurs pi-

  1. Le pinacle de la figure 1 provient des contre-forts de la grande église de Saint-Germer (XIIe siècle). Celui de la figure 2 se retrouve dans quelques édifices du Beauvoisis de la fin du XIe siècle. Les pinacles couronnant les contre-forts cylindriques de l’église Saint-Remi de Reims étaient terminés par des pinacles analogues (XIe siècle).