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pour les artistes qui savaient ce qu’ils voulaient et qui combinaient un édifice tout entier dans leur cerveau avant d’ouvrir les chantiers. Examinons donc les meneaux des fenêtres du chœur de Saint-Urbain de Troyes (6).

Soit AB la largeur de la fenêtre. Sur cette largeur, qui donne les axes des boudins ou colonnettes des pieds-droits ayant pour section une demi-section de meneau, on a tracé l’arc brisé CDE ; donc la base CD et les deux arcs de cercle circonscrivent un triangle équilatéral. Divisant ce triangle équilatéral par l’axe EF et par les deux lignes CG, DH passant par les milieux des deux lignes DE, CE, on obtient la figure EKIL, dans laquelle nous inscrivons le cercle dont le centre est sur l’axe en M. Marquant sur les lignes LC, LD deux points M′M″ à une distance égale à la longueur LM, on trace les deux autres cercles à l’aide de rayons égaux à celui du cercle dont le centre est en M. Il est clair que ces trois cercles sont tangents et inscrits par le grand arc brisé. Divisant ensuite la largeur AB en trois parties égales A, ab, B et chacune de ces trois divisions en deux, nous élevons des points N et O deux verticales, soit celle OP qui rencontre la circonférence du cercle M″ en P. De ce point P, prenant une longueur égale à bB, nous formons le triangle équilatéral PbS. Alors nous avons la base RS de la claire-voie portant sur les meneaux. Prenant les points bS comme centres et la longueur bS comme rayon, nous traçons les trois arcs brisés inférieurs ; nous cherchons sur cette base RS les centres T du second arc brisé milieu, partant des naissances a, b et devant être tangent aux deux circonférences M′M″. Toutes ces lignes forment les axes X des meneaux dont nous avons donné la section en Y. Le tracé plus sombre Z sur cette section Y donne la section des redents. L’axe p de ces redents est à une certaine distance de l’axe X et ne se confond pas avec lui. Pour tracer les redents, nous prenons donc cette distance à l’intérieur de la circonférence des cercles et des arcs brisés inférieurs. Pour les redents des cercles, m étant le point marqué sur l’axe à la distance Xp donnée par la section des meneaux, on divise la longueur mM en deux parties égales ; du point m′ milieu et prenant m′m comme rayon, nous traçons les redents à quatre lobes des cercles. Quant aux redents des arcs brisés inférieurs, ils sont tracés suivant un même rayon ; les centres des branches inférieures étant placés sur la ligne de base RS. Les redents de l’espace Q sont de même inscrits dans un triangle équilatéral. En AA, nous avons tracé à l’échelle de 0m,05 pour mètre le détail des redents des cercles avec l’armature circulaire en fer pincée par les quatre extrémités des lobes et destinée à maintenir les verrières. L’appareil des meneaux est indiqué par les lignes g, etc. En BB est donné le détail des chapiteaux. Ces meneaux, qui n’ont que 0m,095 d’épaisseur sur 0m,23 de champ, suffisent pour maintenir les vitraux de fenêtres qui ont 4m,40 de largeur sur 9m,20 de hauteur de l’appui à la clef, et encore reposent-ils sur une galerie à tour (voy. construction, fig. 103) ; ils sont taillés dans du beau