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cloîtres de ces provinces méridionales dont les colonnes et les chapiteaux même sont en marbre (voy. Cloître). On employa aussi parfois le marbre de couleur comme incrustation pendant les XIe, XIIe et XIIIe siècles[1], comme pavé, et le marbre blanc pour des autels, des retables, des tombeaux et des statues. Le système de construction admis à la fin du XIIe siècle en France ne se prêtait point d’ailleurs à l’emploi du marbre, qui, même dans l’antiquité romaine (excepté lorsqu’il s’agit de points d’appuis isolés comme des colonnes), n’était guère appliqué que sous forme de revêtement.

Les poëtes et les chroniqueurs du moyen âge ne se font pas faute cependant de mentionner des ouvrages de marbres, palais marbrins, escaliers marbrins, chambres marbrines. Ce qui prouve que l’emploi de cette matière était considéré comme un luxe extraordinaire. Les abbés qui reconstruisirent leurs monastères pendant les XIe et XIIe siècles, ou les contemporains qui racontent leurs gestes, ne manquent pas de signaler de nombreux ouvrages en marbre qui n’ont jamais existé. Ce sont là de ces hyperboles très-fréquentes chez ces chroniqueurs. C’est ainsi que Suger avait, dit-on, fait venir des colonnes de marbre d’Italie pour le pourtour du sanctuaire de l’église abbatiale de Saint-Denis ; or, ces colonnes sont en pierre dure provenant de carrières près Pontoise. Le vulgaire donne souvent aussi le nom de marbre à certains calcaires durs qui prennent le poli, mais qui n’ont pas pour cela les qualités du marbre.

Lorsque les sculpteurs du moyen âge ont voulu tailler le marbre, ils s’en sont tirés à leur honneur ; il suffit, pour s’en assurer, d’aller voir à Saint-Denis un assez grand nombre de statues de marbre blanc des XIVe et XVe siècles qui sont d’une excellente facture (voy. statuaire).

Les musées de Toulouse et d’Avignon possèdent aussi beaucoup de débris de monuments en marbre des XIIe, XIIIe, XIVe et XVe siècles, d’un beau travail.

MARCHÉ, s. m. Lieu de vente, couvert (voy. halle).

MARQUETERIE (ouvrage de), voy. menuiserie.

MENEAU, s. m. ; peu usité au singulier. — On donne ce nom aux montants et compartiments de pierre qui divisent la surface d’une fenêtre en plusieurs parties vides que l’on remplit soit au moyen de vitrages dormants, soit au moyen de châssis ouvrants, également pourvus de vitrages (voy. fenêtre). En Italie, en Espagne et même en France, dans les premiers siècles du moyen âge, les fenêtres des édifices publics étaient souvent dépourvues de vitres ; des claires-voies en pierre, en métal ou en bois étaient alors disposées dans leur ouverture béante, pour tamiser la

  1. À la cathédrale de Lyon, par exemple.