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Dès le XIIIe siècle, les bords de la Garonne, de la Dordogne, du Lot, du Gers, du Tarn et de l’Aveyron virent élever un grand nombre de ces manoirs fermés, propres à la défense ; c’est qu’en effet dans ces contrées les fiefs étaient très-divisés, et, depuis la guerre des Albigeois, les grands barons des provinces méridionales ruinés, réduits à l’impuissance. Le sol se couvrait de propriétaires à peu près égaux en pouvoir et en richesse ; la domination anglaise, loin de changer cet état de choses, y voyait au contraire un gage de sécurité pour elle, de prospérité pour le pays.

Ces manoirs fermés sont désignés, dans le Bordelais, sous le nom de Casteras, et sont encore assez communs.

Non loin de Bordeaux, à l’entrée des Landes, est un manoir qui paraît appartenir à la première moitié du XIIIe siècle, et qui conserve des traces de distributions intérieures d’un grand intérêt ; il s’agit du Castera de Saint-Médard-en-Jalle. La Jalle est un ruisseau qui prend sa source au lieu nommé Cap d’aou bos (Tête du bois), et qui se jette dans la Garonne.

Le manoir de Saint-Médard est bâti sur la rive droite du ruisseau qui, sur ce point, s’étend et forme un marécage. Un fossé large entourait cette habitation fortifiée, dont nous donnons le plan au niveau du rez-de-chaussée (1).


Ce plan est tracé sur un carré avec quatre tourelles aux angles. La porte est en A, et deux meurtrières s’ouvrent, à rez-de-chaus-