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[mâchicoulis]
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bien couronner un édifice était l’affaire importante, et ils ne pensaient pas que le rôle de l’architecte cessât à la hauteur des corniches. La composition des lucarnes avait dû nécessairement fixer leur attention, puisque ces parties importantes des combles se détachaient sur le ciel et contribuaient ainsi à l’aspect monumental des édifices. Nous devons observer, d’ailleurs, que cette tradition s’est maintenue pendant les XVIe et XVIIe siècles ; car beaucoup de châteaux de la Renaissance, du temps de Henri IV et de Louis XIII ont conservé des lucarnes composées avec soin, souvent fort richement décorées de sculptures et de statues, et prenant, dans la disposition des façades, la plus grande place.

LUNETTE, s. f. Œil circulaire ménagé au centre d’une voûte d’arête, en guise de grande clef, pour le passage des cloches.

M

MÂCHICOULIS, s. m. Trous carrés ou larges rainures pratiquées horizontalement le long du chemin de ronde d’une tour ou d’une courtine, et permettant d’en défendre le pied en laissant tomber des pierres, des pièces de bois ou des matières brûlantes. Les mâchicoulis existaient dans les hourds de bois que l’on élevait sur les remparts dans les premiers temps du moyen âge et jusqu’au XIIIe siècle (voyez Hourd). Mais les hourds étant souvent incendiés par les assiégeants, on les remplaça, vers la fin du XIIIe siècle, par des chemins de ronde de pierre bâtis en encorbellement au sommet des murs et tours, et percés de trous rapprochés par lesquels on laissait tomber sur l’assaillant des matériaux de toute nature, de l’eau bouillante, de la poix chauffée, etc. Nous avons vu, à l’article Hourd, comment au château de Coucy déjà, c’est-à-dire au commencement du XIIIe siècle, on avait remplacé les solives en bascules des hourdages en bois par des consoles en pierre. Cependant, dès cette époque, on avait établi de véritables mâchicoulis de pierre au sommet de quelques édifices, notamment sur l’une des dépendances de la cathédrale de Puy-en-Vélay, dépendance dont la construction remonte au XIIe siècle. Cette belle bâtisse, connue dans le pays sous le nom de Bâtiment des mâchicoulis, mérite une mention toute particulière, car c’est une des plus remarquables constructions militaires que nous possédions en France, une défense importante et solide placée au-dessus d’une grande salle voûtée en berceau tiers-point, défense qui peut contenir deux cents hommes et couvrir de projectiles tout le flanc sud de la cathédrale, entre celle-ci et le rocher de Corneille. C’était comme un ouvrage avancé pour le château qui couronnait ce rocher, arrêtant les assaillants sur le seul point où il était abordable, et masquant absolument le cloître