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conserve le principe de cette disposition. En réunissant les documents épars que nous avons pu nous procurer sur les maisons communes de ces villes riches et commerçantes du Nord, il est possible de présenter un type de ces constructions qui, plus qu’aucune autre, ont été soumises à tant de changements et de catastrophes. Comme il serait beaucoup trop long et fastidieux de donner séparément ces renseignements épars, nous avons pensé que nos lecteurs ne nous sauraient pas mauvais gré de les réunir en un faisceau et de présenter un type complet d’un hôtel de ville de la fin du XIIIe siècle.

C’est ce que nous avons essayé de faire en traçant la fig. 5, qui donne, en A, le plan du rez-de-chaussée d’un édifice municipal, et en B le plan du premier étage. Sous le portique antérieur C, à droite et à gauche, montent deux rampes qui arrivent au vestibule D, précédé de la loge E. On entre à rez-de-chaussée, sous les voûtes du vestibule, dans les prisons F du beffroi, et par les portes C dans les salles H destinées à des services journaliers. Au premier étage, du vestibule D on pénètre dans la pièce I située sous le beffroi, et de là dans une première salle K servant de vestibule aux deux grandes salles L, largement éclairées par les fenestrages M.

La fig. 6 présente l’élévation perspective de cet édifice.

Toutefois il arrivait fréquemment, avant le XVe siècle, que les beffrois étaient indépendants de l’hôtel de ville. Celui de Tournay, qui date du XIIe siècle, est isolé. Celui d’Amiens, dont la partie basse remonte au XIVe siècle, était également indépendant de la maison commune, ainsi que ceux de Commines et de Cambrai. Millin, dans le tome V de ses Antiquités nationales, donne une vue de l’hôtel de ville de Lille, démoli en 1664, et reproduite d’après un dessin de la bibliothèque de Saint-Pierre. D’après ce dessin, le bâtiment principal, sans beffroi, se compose d’un corps de logis à trois étages, avec deux grands pignons et échauguettes aux angles. La base du comble est crénelée. À la suite de ce bâtiment s’élève un logis plus bas avec crénelages surmontés de lions et de deux statues de sauvages, dont l’une porte l’étendard de la ville. Ces constructions, autant que l’imperfection du dessin permet de le reconnaître, paraissent appartenir au XIIIe siècle. Si beaucoup de beffrois très-anciens des villes du Nord étaient isolés, celui de Bergues Saint-Winox (Nord), qui datait du XIVe siècle, se trouvait autrefois disposé, relativement à la maison commune de cette ville, comme l’est celui de notre fig. 6. On observera qu’à Compiègne le beffroi est au centre du bâtiment principal et sur sa face ; seulement il pénètre un gros et profond logis dont les deux pignons sont placés latéralement, de manière toutefois à présenter, au premier étage, un plan pareil à celui de la fig. 5.

HOTEL-DIEU, s. m. Maison-Dieu, maladrerie, hospice, hôpital, léproserie. Rien n’établit que les anciens eussent des maisons de refuge pour les malades où ceux-ci pouvaient recevoir les soins des médecins et