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[donjon]
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chétive ouverture, le rocher même, et formé sous terre une habitation d’une très-vaste étendue. C’était autrefois, selon l’opinion générale, soit un antre prophétique où l’on prenait les oracles d’Apollon, soit le lieu dont Lucain dit :

......Nam quamvis Thessala vates
Vim faciat satis, dubium est quid tra erit illue,
Aspiciat Stygias, an quod descenderit, umbras.


De là peut-être descend-on aux enfers. »

Suger parle ainsi du château dont nous voyons aujourd’hui les restes. Les souterrains taillés dans le roc existent encore, et s’ils ne sont point des antres antiques, s’ils ne descendent pas aux enfers, ils datent d’une époque assez éloignée. Les logements n’étaient cependant pas creusés dans la falaise, ainsi que le prétend Suger, mais adossés à un escarpement de craie taillé à main d’homme (voy. Château, fig. 8 et 9). Le château de La Roche-Guyon est de nos jours à peu près méconnaissable par suite des changements qu’il a subis ; on y retrouve quelques traces de bâtisses du XIIe siècle ; quant au donjon, il est entièrement conservé, sauf ses couronnements, et sa construction paraît appartenir au milieu de ce siècle.

La fig. 21 donne, en A, l’emplacement du château de La Roche-Guyon. Par un pont volant B communiquant avec les étages supérieurs du château,