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plusieurs reprises, il semble n’avoir été destiné qu’à suppléer momentanément au grand gibet, lorsque celui-ci avait besoin de quelques réparations. La première mention du gibet de Montigny remonte à l’année 1328. Il n’existait plus au commencement du XVe siècle, puisqu’en 1416 il fallut construire un gibet provisoire, en attendant les travaux que l’on faisait à Montfaucon. » Ce gibet consistait en quatre poteaux de bois d’un pied d’équarrissage et de vingt pieds environ de hauteur, engagés à leur pied dans un mur d’appui de deux pieds d’épaisseur et d’autant de hauteur environ. Quatre traverses réunissaient la tête des quatre poteaux[1].

Les fourches patibulaires servaient de lieu d’exposition pour les condamnés exécutés en d’autres lieux et qui même n’avaient point été pendus. Les corps des décapités étaient enfermés dans un sac ; on exposait aussi aux gibets les suicidés, des mannequins figurant des condamnés par contumace. Le cadavre de l’amiral de Coligny fut suspendu au gibet de Montfaucon par les pieds. L’Étoile rapporte que Catherine de Médicis, « pour repaître ses yeux, l’alla voir un soir et y mena ses fils, sa fille et son gendre. » Depuis lors ces fourches patibulaires ne servirent guère aux exécutions ou expositions. Sauval cependant dit y avoir encore vu des cadavres, bien qu’alors cet édifice fût en ruines.

Les fourches patibulaires ne servaient pas seulement à pendre des humains, on y suspendait aussi des animaux, et notamment des porcs, condamnés à ce genre de supplice à la suite de jugements et arrêts rendus pour avoir dévoré des enfants. (Voy. à ce sujet la brochure de M. E. Agnel, Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge. Paris, 1858. Dumoulin.) En cas pareil, les formalités judiciaires du temps étaient scrupuleusement suivies, et, comme il était d’usage de pendre les condamnés vêtus de leurs habits, on habillait les animaux que l’on menait au gibet. « En 1386, une sentence du juge de Falaise condamna une truie à être pendue pour avoir tué un enfant. Cette truie fut exécutée sur la place de la ville, en habit d’homme…[2] »

En 1314[3], un taureau qui avait tué un homme fut jugé et pendu aux fourches patibulaires de Moisy-le-Temple. Il y eut appel de la sentence. Le jugement fut trouvé équitable ; mais il fut décidé que le comte de Valois n’avait aucun droit de justice sur le territoire de Moisy, et que les officiers n’auraient pas dû y instrumenter[4].

FRISE, s. f. Ornement courant, remplissant une assise horizontale sous un bandeau, sous une corniche. Dans l’architecture romaine, on entend par frise l’assise unie ou décorée qui se trouve comprise entre l’architrave et la corniche. L’architecture du moyen âge, n’employant plus l’entable-

  1. Sauval, t. II, p. 612. — Félibien, t. I, p. 564. Pièces justificatives B.
  2. Curiós. judic. M. E. Agnel.
  3. Carlier. Histoire du duché de Valois, t. II, p. 207.
  4. Saint-Foix. Essais hist. sur Paris, t. V, p. 100. 1776.