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longue pente assez abrupte, étaient difficilement vus par les défenseurs placés en B ; à plus forte raison se trouvaient-ils entièrement masqués pour les défenseurs postés le long du parapet C en dedans du deuxième fossé G. Ces défenseurs postés en C étaient cependant plus rapprochés de l’assaillant que ne l’étaient ceux postés en E sur les galeries réunissant les tours à trois étages, la ligne CO étant plus courte que la ligne EO. Des assaillants se présentant en K, à portée de trait, ne pouvaient atteindre les défenseurs postés derrière le parapet C, que s’ils envoyaient leurs projectiles en bombe suivant une ligne parabolique KL. Donc les clayonnages du chemin de ronde supérieur E protégeaient les soldats postés en C. César décrit très-bien les avantages de ses ouvrages en disant que les soldats placés en E voyaient l’ennemi de plus loin et pouvaient tirer sur lui sûrement. L’assaillant, gravissant la pente P, ne voit que le sommet des tours de bois et les galeries qui les réunissent ; il n’a pas connaissance des deux fossés qui vont l’arrêter en O. Pendant qu’il gravit cette pente, il est exposé aux armes à longue portée de la défense supérieure ; mais dès qu’il atteint la crête O, non-seulement il trouve deux obstacles devant lui s’il veut passer outre, mais il est exposé aux traits qui partent du chemin de ronde E et du rempart C, ces derniers traits pouvant être lancés directement, comme l’indique la ligne CO, mais aussi, en bombe, comme l’indique la parabole HM. En admettant que les troupes gravissant la pente K eussent été lancées, pleines d’ardeur, arrivant haletantes en O, il leur eût été bien difficile d’atteindre le vallum C. Cependant César, au camp du Mont-Saint-Pierre, ne craignait pas une attaque sérieuse des Bellovaques ; au contraire, il cherchait à les attirer hors de leurs propres défenses. Lorsqu’il redoutait réellement une attaque, ses précautions étaient plus grandes encore. Autour d’Alesia, il établit des lignes de contrevallation et de circonvallation afin de bloquer l’armée de Vercingétorix renfermée dans cette ville, et de se mettre en défense contre les secours considérables qui menacent son camp. La ligne de contrevallation se compose : 1°, vers l’ennemi, d’un fossé large de vingt pieds, profond d’autant, et à fond de cuve. À quatre cents pieds en arrière de ce fossé, il établit ses retranchements. Dans l’intervalle, il fait creuser deux fossés de quinze pieds de large chacun et de quinze pieds de profondeur ; le fossé intérieur est rempli d’eau au moyen de dérivations de la rivière ; derrière ces fossés, il élève un rempart de douze pieds de haut, garni de parapets avec meurtrières. À la jonction du parapet et du rempart, il fait planter de forts palis fourchus pour empêcher l’escalade. Des tours, distantes entre elles de quatre-vingts pieds, flanquent tout le retranchement. Ces précautions, après quelques sorties des Gaulois, ne lui semblent pas suffisantes : il fait planter des troncs d’arbres ébranchés, écorcés et aiguisés, au fond d’une tranchée de cinq pieds de profondeur ; cinq rangs de ces pieux sont attachés entre eux par le bas, de manière à ce qu’on ne puisse les arracher. Devant cet obstacle, il fait creuser des trous de loup coniques de trois pieds de profondeur,