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L’esprit d’analyse, de recherche, de rationalisme de l’école laïque repoussait, dans l’ornementation architectonique comme dans la construction, les traditions romanes : d’abord, parce que ces traditions appartenaient aux anciens ordres religieux, et qu’une réaction générale s’était faite contre ces ordres ; puis, parce que la nouvelle école tenait à se rendre compte de tout, ou plutôt à donner la raison de tout ce qu’elle créait. C’était un système qui, comme tout système, était inflexible, impérieux dans son expression, n’admettait nulle concession, nul écart. C’était une réforme radicale.

Si, comme nous l’avons vu au commencement de cet article, les moines clunisiens avaient introduit dans leur décoration sculptée quelques végétaux empruntés à la flore locale ; s’ils avaient, peut-être les premiers, placé l’art de l’ornemaniste sur cette voie, il faut bien reconnaître qu’ils avaient adopté un grand nombre d’ornements qui dérivaient de la décadence romaine, quelques autres pris sur les objets ou les étoffes que l’Orient leur fournissait. Comme nous avons eu plusieurs fois l’occasion de signaler ce dernier fait, il est nécessaire, tout en restant dans le sujet de cet article, de donner nos preuves.

Nous possédons en France aujourd’hui, grâce à nos jardins et à nos serres-chaudes, un grand nombre de végétaux qui nous viennent du fond de l’Orient, et qui, au XIe siècle, étaient parfaitement inconnus en France. Telle est, par exemple, cette plante charmante désignée par les botanistes sous le nom de Diclytra, dont les belles grappes de fleurs affectent des formes si élégantes et d’un contour si original (24).


La Diclytra vient de