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romans paraissent avoir affectionné ces plantes, comme le réveil de la nature ? Faut-il attacher à l’imitation des Aroïdes une idée symbolique, y voir quelque tradition antique ? Nous nous garderons de trancher la question. Le fait est que, dans les sculptures de la fin du XIe siècle, nous trouvons la trace évidente de cette imitation. Les beaux chapiteaux de la nef de l’église abbatiale de Vézelay nous montrent des imitations d'Aroïdes (7) qui terminent des feuillages plus ou moins dérivés de la sculpture romaine du chapiteau corinthien. En A, la spathe de l’Arum est développée, l’extrémité du spadice est tombée et les graines restent apparentes. En B, ce sont les feuilles de l’Arum qui se roulent en volutes ou crochets aux angles d’un chapiteau. Dans la fig. 7 bis, le sculpteur a doublé le spadice en A, l’a laissé simple en B ; mais, dans l’un et l’autre cas, la spathe enveloppe le fruit.

Ces plantes de bois marécageux ne paraissent pas seules avoir inspiré les sculpteurs romans ; nous voyons qu’ils ont une affection particulière pour les nénuphars, pour les feuilles d’eau. Deux autres chapiteaux de la nef de Vézelay présentent encore, en guise de crochets, des feuilles fanées de nénuphars avec ou sans fleurs (8). On sait avec quelle rapidité se flétrissent les plantes d’eau lorsqu’elles ont été cueillies ; il semble, dans l’exemple A, que le sculpteur a suspendu près de lui, pour décorer l’angle de son chapiteau, des feuilles de nénuphars si communs dans nos