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Avant de pousser plus loin l’examen de la flore monumentale de l’école laïque, il est nécessaire de se rendre un compte exact du mélange qui s’était fait, pendant la période romane, des traditions antiques avec certaines formes inspirées évidemment par quelques végétaux de nos bois. Des écrivains ont déjà fait, à ce sujet, des observations ingénieuses, sans toutefois appuyer ces observations par des figures étudiées : les uns prétendent que les ornements qui, au XIIe siècle, sont arrivés à former ce qu’on appelle la fleur de lis, ont été inspirés de l’iris ou du glaïeul ; les autres, que ces ornements sculptés et peints, si fréquents à dater de la fin du XIe siècle, sont une réminiscence des plantes aroïdes. Nous laisserons chacun juger le procès, nous nous bornerons à fournir les pièces ; aussi bien importe-t-il assez peu, à notre avis, que les sculpteurs des XIe et XIIe siècles aient copié l’iris ou l’arum : la question est de savoir si ces sculpteurs ont ajouté quelque chose aux traditions usées des arts romans dans leur ornementation. Le fait ne paraît pas douteux.

Prenons d’abord les Aroïdées, qui paraissent avoir inspiré nos sculpteurs dès une époque fort ancienne.

D’après Jussieu, les Aroïdées sont « des plantes à racines tubéreuses, à feuilles simples, alternes, engaînantes ; fleurs unisexuelles, réunies dans une véritable spathe colorée, avec ou sans périanthe particulier ; un style ; fruit bacciforme. »

L’Arum maculatum, connu vulgairement sous le nom de Gouet ou Pied-de-veau, porte une tige dressée, simple, nue, haute de 0,20 c. environ, glabre ; les feuilles sont radicales, portées sur de longs pétioles, grandes, sagittées-cordiformes, comme tronquées obliquement des deux côtés à la base, entières, sans taches, glabres ; la spathe terminale est allongée, aiguë ; le spadice est moitié moins long qu’elle ; en mûrissant, la portion qui est au-dessus des baies tombe ; celles-ci restent grosses, nombreuses, rouges et contiennent deux graines chagrinées. Les fleurs (spathe) sont d’un vert pâle et tournent au violet en se fanant. L’Arum apparaît en avril et mai, et est très-commun dans les bois humides des environs de Paris, de Champagne et de Bourgogne.

Comme il n’est pas certain que tous les architectes soient botanistes,