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petites, de sorte que les espaces à vitrer n’ont que 1m,00 de largeur. L’archivolte D (voir la coupe E) remplit à l’intérieur l’office de formeret et reçoit les remplissages des voûtes F. La seconde archivolte G sert d’arc de décharge, porte le chéneau, la balustrade extérieure et le bahut H sur lequel repose la charpente. On voit en I des gargouilles dont la queue pénètre jusqu’aux reins des voûtes pour rejeter en dehors les eaux pluviales qui tombaient sur ces voûtes avant l’achèvement de la construction et la pose de la couverture. C’est à la Sainte-Chapelle du Palais où l’on voit naître, les gâbes sur les archivoltes des fenêtres ; gâbes qui sont à la fois et une décoration et un moyen de maintenir les archivoltes dans leur plan (voy. Construction, fig. 108). En K nous avons tracé l’ensemble de la fenêtre, qui porte en hauteur trois fois sa largeur ; en L sont des chaînages en fer qui maintiennent la déviation des contre-forts, les relient entre eux et empêchent les meneaux de sortir de leur plan. D’ailleurs ces meneaux ne sont plus construits par assises, mais sont taillés dans de grandes pierres posées en délit, ce qui permettait de leur donner moins de largeur et de laisser plus de champ aux vitraux ; quant à ceux-ci, leurs panneaux sont maintenus dans les fenêtres de la Sainte-Chapelle par des armatures en fer ouvragés et par des feuillures creusées au milieu de l’épaisseur des meneaux ainsi qu’il est indiqué en M. Ces fenêtres sont vitrées du dedans, et les armatures en fer, formant saillie sur les panneaux en dehors, sont posées de manière à dégager complètement les feuillures. La coupe de l’appui est tracée en N, ces appuis portant toujours un petit épaulement O à l’intérieur, pour rejeter en dehors les eaux de pluie pénétrant à travers les interstices des panneaux. Dans les fenêtres de la Sainte-Chapelle haute on voit que les arcs et découpures des meneaux sont exactement compris dans la hauteur de l’archivolte. Cette disposition avait un défaut, elle faisait paraître les colonnettes des meneaux trop hautes, ne donnait pas assez d’importance aux découpures supérieures. Les architectes du milieu du XIIIe siècle observèrent l’effet fâcheux de cette disposition, et ils descendirent bientôt les arcs des meneaux et les découpures supérieures au-dessous de la naissance des archivoltes. Mais vers la fin de la première moitié du XIIIe siècle, dans les édifices religieux, les fenêtres se combinaient, soit avec une arcature de soubassement lorsqu’elles étaient percées à rez-de-chaussée, soit avec les galeries à jour de premier étage (triforium) lorsqu’elles s’ouvraient dans la partie supérieure des hautes nefs. À la Sainte-Chapelle du Palais déjà, une arcature intérieure sert d’appui aux grandes fenêtres comme à celles de la chapelle basse (voy. Arcature, fig. 8). Si, dans la Sainte-Chapelle haute, cette arcature ne se relie pas absolument aux meneaux des fenêtres, cependant les divisions correspondent aux espacements des meneaux ; les architectes semblaient ainsi vouloir faire partir les fenêtres du sol, c’est-à-dire ne plus composer leurs édifices que de piles et d’ajours dont une portion était cloisonnée par le bas. C’était un moyen de donner de la grandeur à l’intérieur des édifices religieux. Nous avons