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voient encore dans quelques clochers italiens bâtis en brique, clochers prétendus lombards.

Arrivons à l’époque de transition pendant laquelle les fenêtres des édifices religieux adoptent des formes très-variées.

La cathédrale de Noyon, bâtie vers 1150, nous fait voir déjà un système de fenestrage entièrement nouveau. Les parties supérieures des bras de croix de cette église, bâtis sur plan circulaire, sont éclairées par de longues fenêtres jumelles plein cintre, s’ouvrant sur une galerie extérieure passant à travers de gros contre-forts buttant les arêtes des voûtes.


Le plan, fig. 10, nous montre les fenêtres jumelles en C avec leur feuillure pour recevoir un vitrage, la galerie extérieure en B, l’intérieur du vaisseau étant en A. Une longue colonnette monolithe répète extérieurement la double baie en laissant passer tout le jour possible. Un arc de décharge reposant sur les pieds-droits et colonnettes D porte la corniche supérieure.

La vue perspective (11), prise à l’extérieur, fait saisir l’ensemble de cette disposition, nouvelle alors. Par ce moyen l’architecte obtenait à l’intérieur, sous les voûtes, un très-beau jour ; il possédait une galerie de service qui facilitait la pose et l’entretien des verrières, une saillie qui mettait celles-ci à l’abri du vent et de la pluie, une construction légère et solide à la fois, car le grand arc de décharge, double, portait la partie supérieure de la construction et la charpente. On s’aperçoit ici, déjà, que les architectes cherchaient à introduire de larges rayons lumineux dans les intérieurs, qu’ils supprimaient les murs et sentaient la nécessité d’augmenter les surfaces translucides à mesure qu’ils élevaient des monuments plus vastes. Ce principe si vrai amena rapidement des modifications très-importantes dans la structure des édifices religieux. L’espace laissé entre les piles portant les voûtes et les formerets de ces voûtes devenait claire-voie vitrée ; mais comme il fallait maintenir les armatures en fer destinées à porter les verrières, et que ces armatures présentaient au vent une énorme surface, on divisa les vides par des piles, des arcs, des œils et des découpures en pierre qui opposaient un obstacle solide aux efforts du vent, qui étaient durables et permettaient de remplacer