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à-dire que les deux brins seront plus écartés à leur pied qu’à leur sommet, car le bouclement étant en C, s’il faut soutenir et buter la partie supérieure A, il serait dangereux d’agir sous forme de pression de l’extérieur à l’intérieur en E, ce qui arriverait infailliblement si le grand brin GH prenait charge ; alors on risquerait d’aggraver la rupture de la maçonnerie au-dessous du bouclement. Mais si un mur est bouclé d’une manière uniforme, ainsi que l’indique le tracé F, les deux brins d’étais doivent être plus écartés à leur sommet qu’à leur pied, car si la maçonnerie s’appuie sur le brin supérieur G′H′, et que ce brin prenne charge, toute la pesanteur et la poussée du dedans au dehors se reporteront sur le second brin IK ; il faut alors que celui-ci ne porte pas seulement, mais qu’il contre-butte, par son inclinaison, le bouclement qui tendrait à s’augmenter en K.

S’il est nécessaire de poser des brins doublés et même triplés dans un plan perpendiculaire au mur à étayer lorsqu’on veut obtenir une grande force, et pour empêcher les brins de se courber dans leur plan, il faut aussi les empêcher de se courber en sortant du plan perpendiculaire, de se gauchir, en un mot ; pour ce faire, il est bon de poser des batteries d’étais comme l’indique la fig. 4, en plan et en perspective ; ces deux batteries non parallèles devront être rendues solidaires par des moises. Ainsi, par la disposition des étais, le système ne formera plus qu’un corps solide, très-résistant, représenté par le tracé O, une manière de contre-fort d’un seul morceau ne pouvant ni glisser ni se déformer. Ces sortes d’étaiements sont très-bons pour maintenir des murs de terrasses poussés par des terres, et qui menacent de céder à une très-forte pression.

Rien n’est plus satisfaisant pour l’œil qu’un étaiement bien combiné et exécuté. Tout architecte qui aime son art ne doit pas seulement indiquer la disposition des étaiements, il doit encore veiller avec une sorte de coquetterie à ce que le charpentier emploie des bois proportionnés comme force à leur destination ; à ce que les brins soient nets, bien coupés comme il convient ; à ce que les moises soient entaillées, coupées de longueur, ni trop fortes ni trop minces ; à ce que les plates-formes présentent sous le pied des étais une surface lisse, plane, un sciage, autant que possible, afin