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des baies de maçonnerie D. Au-dessus de la troisième marche (partant de celle H) les autres marches jusqu’au sommet de la vis ne sont plus soulagées que par les petits liens K, moins longs que les potences I, afin de faciliter le dégagement. Ainsi toutes les marches, le limon et la cloison cylindrique portent sur l’arbre pivotant O. Lorsqu’on voulait fermer d’un coup toutes les portes des étages, il suffisait de faire faire un quart de cercle au cylindre en tournant le noyau sur son axe. Ces portes se trouvaient donc masquées ; entre la marche F et celle H il restait un intervalle, et les personnes qui l’auraient franchi pour pénétrer dans les appartements, trouvant une muraille en face les ouvertures pratiquées dans le cylindre, ne pouvaient deviner la place des portes véritables correspondant à ces ouvertures lorsque l’escalier était remis à sa place. Un simple arrêt posé par les habitants sur l’un des paliers C empêchait de faire pivoter cette vis. C’était là un moyen sûr d’éviter les importuns. Nous avons quelquefois trouvé des cages cylindriques en maçonnerie dans des châteaux, avec des portes à chaque étage, sans aucune trace d’escalier de pierre ou de bois ; il est probable que ces cages renfermaient des escaliers de ce genre, et nous pensons que cette invention est fort ancienne ; il est certain qu’elle pourrait être utilisée lorsqu’il s’agit d’arriver sur plusieurs points de la circonférence d’un cercle à un même niveau. Nous avons l’occasion de parler des escaliers dans les articles Château, Maison, Manoir, Palais.

ESCHIF, s. m. Petite fortification flanquante que l’on faisait pour défendre les approches d’une porte, pour enfiler un fossé, lorsque les enceintes des villes consistaient en une simple muraille. Souvent les eschifs étaient des ouvrages en bois que l’on établissait provisoirement si le temps ou les ressources manquaient pour élever des tours. Lebeuf, dans son Histoire de la ville d’Auxerre[1], dit qu’à la fin du XIVe siècle, on éleva autour de la ville d’Auxerre plusieurs eschifs. « On démolissoit en certains endroits et on rebâtissoit en d’autres ; on donnoit la forme de véritables tours à ce qui, auparavant, n’étoit qu’un simple eschif ; en un mot on fortifioit la ville à proportion du produit des octrois que les rois Charles V et Charles VI avoient accordés. » Après un siège durant lequel les murailles avaient été endommagées et les tours démantelées, on posait sur les courtines des eschifs (1) pour

  1. Mém. concern. l’hist. civ. et ecclés. d’Auxerre, par l’abbé Lebeuf, publ. par MM. Challe et Quantin. Auxerre, 1855. T. III, p. 279.