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cuter, il était dit que ces travaux valaient tant ; s’ils étaient détaillés, chaque article de l’ouvrage était suivi d’une estimation. Les séries de prix jointes aux devis n’étant pas encore en usage, les adjudications étaient de véritables forfaits. Nos archives départementales conservent encore un grand nombre de ces sortes de marchés. Nous ne savons si, au XIIIe siècle, le maître de l’œuvre faisait le devis général de tout l’ouvrage qui lui était commandé ; ce qui est certain, c’est que, pendant les XIVe et XVe siècles, chaque chef de corps de métiers était souvent appelé à faire un devis de la portion des travaux qui le concernait. Ce devis fait, il soumissionnait l’ouvrage à forfait ; mais alors il n’y avait pas d’adjudication, c’est-à-dire de concurrence entre gens de même état.

DIABLE, s. m. Deable. Ange déchu, personnification du mal. Dans les premiers monuments du moyen âge, on ne trouve pas de représentations du diable, et nous ne saurions dire à quelle époque précise les sculpteurs ou peintres ont commencé à figurer le démon dans les bas-reliefs ou peintures. Les manuscrits grecs des VIIe et VIIIe siècles qui représentent des résurrections font voir les morts ressuscitants ; mais les peintres n’ont figuré que les esprits célestes, le diable est absent de la scène.


Une bible latine du IXe ou Xe siècle[1], ornée de nombreuses vignettes au trait, nous montre Job assis sur les ruines de sa maison ; l’ange du mal lui parle (1) ; il est nimbé et armé d’ailes ; dans sa main gauche, il tient une cassolette pleine de feu ; les ongles de ses pieds sont crochus : c’est une des plus

  1. Bibl. imp. Mss.