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Comme aujourd’hui, les ingénieurs militaires se préoccupaient de masquer les embrasures lorsqu’on chargeait les pièces en batterie. À cet effet, ils employaient des claies épaisses, des volets glissant sur des coulisses, des rideaux d’étoupe capitonnés. De tous ces moyens, l’un des plus ingénieux est celui que nous donnons (12). En A, on voit la plate-forme en charpente recouverte de madriers sur laquelle roule la pièce en batterie. Contre la paroi intérieure du parapet est posé le bâtis B, muni, à sa partie supérieure, d’un volet triangulaire roulant sur un axe et mu par deux leviers C. La pièce chargée, on appuyait sur les deux leviers juste ce qu’il fallait pour pouvoir pointer ; sitôt la balle partie, on laissait retomber le volet qui, par son propre poids, reprenait la position verticale.

Les embrasures ont de tout temps fort préoccupé des architectes ou ingénieurs militaires, et, après bien des tentatives, on en est revenu toujours aux clayonnages, aux formes en terre pour les batteries découvertes. Quant aux embrasures des batteries couvertes ou casemates, on n’a pas encore trouvé un système qui présentât des garanties de durée contre des batteries de siège, et depuis le XVIe siècle, sous ce rapport, l’art de la fortification n’a pas fait de progrès sensibles.

ENCEINTE, s. f. Murs en palissades entourant une ville, un bourg ou un camp. Les Gaulois, au dire de César, faisaient des enceintes de villes, de bourgades ou de camps fortifiés, au moyen de troncs d’arbres entremêlés de pierres. Les Germains les composaient de palissades de bois entre lesquelles on amassait de la terre, des branches d’arbres, de l’herbe, de façon à former une véritable muraille très-propre à résister aux efforts du bélier ; le feu même n’avait que peu de prise sur ces ouvrages, presque toujours humides. Les Romains, dans leurs camps d’hiver (camps-permanents), employaient à peu près les mêmes procédés ou se contentaient d’une levée en terre couronnée par une palissade et protégée extérieurement par un fossé. Habituellement les portes de ces camps étaient défendues par une sorte d’ouvrage avancé, clavicula, ressemblant assez aux barbacanes du moyen âge (1).


En A étaient des ponts de bois jetés sur le fossé, et, en B, la porte du camp. Ce mélange de pierre et de bois employé dans les enceintes des villes ou camps gaulois donna l’idée à quelques-unes des peuplades de ce pays d’obtenir des remparts vitrifiés, par conséquent d’une dureté et d’une cohésion complètes. Il existe, à vingt-huit kilomètres de Saint-Brieuc, une enceinte ovale composée de granit, d’argile et de