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[embrasure]
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(2 pieds et demi). Toutefois, les égoûts étaient rares dans les villes du moyen âge relativement au nombre et à l’étendue des rues ; ils n’étaient guère construits que sous les voies principales aboutissant aux rivières, avec bouches au niveau du sol pour recevoir les eaux des ruisseaux tracés dans les rues perpendiculaires à ces voies.

EMBRASURE, s. f. Baie percée dans un mur de forteresse ou dans un parapet de couronnement pour placer la bouche d’une pièce d’artillerie à feu. Les embrasures n’apparaissent donc dans l’architecture militaire qu’au moment où l’on fait un usage régulier du canon pour la défense des places. Nous avons dit ailleurs (voy. Château) qu’à la fin du XVe siècle, sans changer d’une manière notable la disposition générale des défenses, on s’était contenté de percer, au rez-de-chaussée des courtines et des tours, des ouvertures pour battre les dehors par un tir rasant, ou de placer des bouches à feu au sommet des tours dont on supprimait les toits pour établir des plates-formes avec parapets. Le château de Bonaguil, qui date du règne de Louis XI, possède à la base des remparts quelques embrasures dont la disposition et la forme sont indiquées dans la fig. 1.


La bouche de la pièce est à peu près à mi-épaisseur du mur, comme le fait voir le plan A. À l’intérieur de la muraille B, l’embrasure est construite en arcade et fermée par une épaisse dalle percée d’un trou circulaire avec une mire. À l’extérieur C, on n’aperçoit que le trou et sa mire dégagés par un ébrasement qui permet de pointer la pièce à droite et à gauche. La partie extérieure de ces sortes d’embrasures était promptement égueulée par le souffle de la pièce ; aussi pensa-t-on à leur donner plus d’air (2), en couvrant l’ébrasement extérieur par un arc. Ou bien encore, comme dans les batteries casematées du grand boulevard de Schaffhausen (3), les architectes avancèrent la bouche des canons près du parement extérieur formant intérieurement une chambre voûtée, et disposèrent l’ébrasement du dehors en ovale, avec redans curvilignes, pour détourner les projectiles lancés par les assiégeants. Ces précautions de détail ne pouvaient être efficaces qu’au-