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ment, les trois femmes au tombeau, Jésus-Christ ressuscitant et des prophètes. Parmi les statues des ébrasements, on remarque l’Église et la Synagogue. La religion chrétienne porte l’étendard levé, elle est couronnée ; la religion juive a les yeux bandés, elle égorge un bouc ; sa couronne tombe d’un côté, ses tablettes de l’autre.

Nous trouvons l’explication étendue de la statue assise sur la bête à quatre têtes dans le manuscrit d’Herrade de Landsberg, le Hortus deliciarum, déposé aujourd’hui dans la bibliothèque de Strasbourg[1]. L’une des vignettes de ce manuscrit représente le Christ en croix. Au-dessus des deux bras de la croix, on voit le soleil qui pleure et la lune, puis les voiles du temple déchirés. Au-dessous, deux Romains tenant l’un la lance, l’autre l’éponge imprégnée de vinaigre et de fiel ; la Vierge, saint Jean et les deux larrons. Sur le premier plan, à la droite du Sauveur, une femme couronnée assise, comme celle de la cathédrale de Worms, sur la bête, symbole des quatre évangiles ; elle tend une coupe dans laquelle tombe le

  1. Ce manuscrit est une sorte d’encyclopédie ; il date du XIIe siècle. Plusieurs de ses miniatures ont été reproduites par nous dans le Dictionnaire du mobilier français.