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[échafaud]
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pente assez douce. Ces trous de boulins, espacés de quatre en quatre mètres environ, sont doubles, c’est-à-dire qu’ils présentent deux spirales, ainsi que le fait voir la fig. 1.


Au moyen de chevrons engagés dans les trous A supérieurs et soulagés par des liens portant dans les trous B inférieurs, le constructeur établissait ainsi, en même temps qu’il élevait sa bâtisse, un chemin en spirale dont l’inclinaison peu prononcée permettait de monter tous les matériaux sur de petits chariots tirés par des hommes ou au moyen de treuils placés de distance en distance. La fig. 2 fera comprendre cette opération. Les maçons et poseurs avaient le soin d’araser toujours la construction sur tout le pourtour du donjon, comme on le voit ici, et, sur cet arasement, ils circulaient et bardaient leurs pierres. Afin de poser les parements extérieurs verticalement (parements taillés à l’avance sur le chantier), il suffisait d’un fil-à-plomb et d’un rayon de bois tournant horizontalement sur un arbre vertical planté au centre de la tour. Aujourd’hui, nos maçons procèdent de la même manière lorsqu’ils élèvent ces grandes cheminées en brique de nos usines, de l’intérieur du tuyau, sans échafaudage. L’échafaud dont la trace existe sur les parois du donjon de Coucy n’est réellement qu’un chemin de bardage, et ce chemin pouvait être fort large, ainsi que le démontre la fig. 3, donnant une de ses fermes engagées. En A et B sont les deux trous espacés de 1m,80; au moyen des deux moises C étreignant les poutrelles à leur sortie des trous, on pouvait avoir deux liens EF, le second formant croix de Saint-André avec une contre-fiche G. La tête du lien F et le pied de la contre-fiche G s’assemblaient dans un potelet H, moisé à son extrémité inférieure avec la poutrelle B. Un lien extrême K, assemblé dans le pied de cette poutrelle B, soulageait l’extrémité de la poutrelle supérieure A. Il était ainsi facile d’avoir un chemin de 5m,30 de largeur, non compris un garde-corps. Ces fermettes recevaient des solives qui portaient les madriers posés en travers de manière à présenter un obstacle au glissement des chariots. Il eût fallu