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[cul-de-lampe]
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scène de luxure (14)[1] : c’est un jeune noble qui cherche à violenter une nonne.

Sous les pieds du Christ instruisant, dont la statue est accolée à l’un des piliers de l’ancienne cathédrale de Carcassonne, du côté gauche de l’entrée du chœur, est sculpté un magnifique cul-de-lampe qui nous paraît représenter Judas après sa damnation. Un chien et une bête immonde le déchirent. Des feuilles de vigne couronnent cette scène (15)[2].

Quelques-uns de ces vices, trop naïvement rendus, ont fait supposer que les sculpteurs du moyen âge se plaisaient à placer sous les yeux du public, même dans les églises, des scènes un peu vives. Un faux zèle ou souvent une imagination trop facile à émouvoir ont mis ainsi sur le compte de ces artistes des méfaits qu’ils n’ont pas commis. Jusqu’au XIVe siècle on ne peut voir dans ces représentations que l’image d’un vice en opposition avec une vertu. D’ailleurs, avant cette époque, il y a une grande retenue dans la façon dont sont figurés ces vices. Plus tard, lorsque les arts du moyen âge tombèrent dans l’afféterie et l’imitation puérile de la nature, il nous paraît évident, surtout si l’on se reporte aux mœurs du XVe siècle, que les artistes ayant

  1. Cul-de-lampe du XIVe siècle placé à l’intérieur du mur sud de la cathédrale d’Auxerre, la statue manque.
  2. Cette sculpture date du commencement du XIVe siècle.