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l’aspect de l’intérieur de cette crypte. Les murs des collatéraux ont été repris à la fin du XIIe siècle et au XIIIe, ainsi que les voûtes des deux chapelles latérales. La chapelle absidale a été reconstruite, mais la disposition primitive est facile à saisir. De même que l’église supérieure, la crypte est précédée d’un vaste narthex dont les murs seuls appartiennent à la construction de la fin du XIe siècle.

Il nous paraît superflu de multiplier les exemples de ces constructions souterraines, qui présentent presque partout les mêmes caractères. Nous avons cherché à faire passer sous les yeux de nos lecteurs les variétés les plus remarquables des cryptes françaises ; souvent ce ne sont que des caveaux très-simples, sans collatéraux et dépourvus de tout ornement, ou des constructions dont la configuration irrégulière était donnée par des excavations anciennes que l’on tenait à conserver par un sentiment de respect religieux.

Vers la fin du XIIe siècle, la plupart des corps saints, renfermés jusqu’alors dans les cryptes, furent placés dans des châsses de métal et déposés dessous ou derrière les autels des églises hautes ; aussi ne voit-on point de cryptes dans les églises entièrement bâties depuis cette époque. La cathédrale de Bourges fait seule exception ; mais la déclivité du sol sur lequel on éleva cet édifice, bien plutôt qu’une idée religieuse, fit adopter le parti de construire, sous les bas-côtés de l’abside, une église souterraine, qui, par le fait, n’est qu’un rez-de-chaussée. À Chartres, les architectes du XIIIe siècle conservèrent la vieille crypte du XIe, parce que cette crypte était en singulière vénération parmi les fidèles, et que la solidité de la construction permettait d’asseoir la nouvelle bâtisse sur ces vieilles maçonneries. Le programme d’après lequel on élevait les cathédrales françaises à la fin du XIIe siècle ne comportait pas de cryptes, puisque ces vastes édifices avaient alors un caractère à la fois civil et religieux (voy. Cathédrale. D’ailleurs, on observera que la plupart des anciennes cryptes des églises paroissiales ou conventuelles étaient plantées de façon à ce que de la nef on aperçût les entrées du caveau ; les chœurs devaient alors être relevés au-dessus du pavé des transsepts de plusieurs marches, comme, par exemple, dans l’église abbatiale de Saint-Denis. Cette disposition, qui convenait à une église monastique dont une partie seulement était réservée au public, ne pouvait être admise dans nos grandes cathédrales françaises, où l’on tenait surtout à offrir à la foule et au clergé une superficie de niveau d’un bout à l’autre de l’édifice[1], sauf à l’entrée du chœur, qui était, avec ses bas-côtés, relevé de deux ou trois marches.

Sur les bords du Rhin, au contraire, et dans les provinces de l’est, les cathédrales possédaient, dès le XIe siècle, et conservèrent plus tard

  1. À la cathédrale de Paris, par exemple, avant la clôture établie au XIVe siècle, le sanctuaire était de niveau avec les bas-côtés du chœur ; l’autel seul était relevé de quelques marches.