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Dans ces diverses représentations, la Vierge est assise à la droite du Christ et presque toujours sur le même siège. Elle joint les mains et incline légèrement la tête ; le Christ pose lui-même la couronne sur la tête de sa mère, ou la bénit pendant qu’un ange, sortant d’une nuée, apporte cette couronne. Deux anges, debout ou à genoux, tenant des flambeaux, assistent à la scène divine. À la porte rouge de Notre-Dame de Paris, c’est un roi et une reine qui sont agenouillés des deux côtés des personnages, probablement saint-Louis et la reine sa femme. Nous avons l’occasion de retracer ces sculptures au mot vierge (sainte).

COURTILLE, s. f. Vieux mot signifiant un jardin (voy. Sauval, Antiquités de Paris, t. Ier, p. 67).

COURTINE, s. f. Muraille de défense portant crénelage et chemins de ronde, aléoirs, aléours, et réunissant deux tours.

« Alez aus murs les aléoirs garnir »[1].

Les courtines des fortifications de l’époque romane sont épaisses, pleines, composées de blocages avec revêtement de pierre, ou plus fréquemment de petit moellon smillé ; leurs chemins de ronde sont larges ; quelquefois même ces courtines étaient terrassées, et leur relief, compris le crénelage, ne dépasse guère six mètres au-dessus du sol extérieur ou du fond du fossé. Dès le XIe siècle, les courtines étaient munies de hourds en bois à leur sommet. Au XIIIe siècle, on augmenta le relief des courtines, et nous leur voyons atteindre une hauteur de dix ou douze mètres dans des places très-fortes. Alors les perçait-on parfois d’archères à leur partie inférieure, pour voir ce qui se passait au fond du fossé et pour envoyer des carreaux d’arbalète sur les assaillants. Les moyens de sape s’étant très-perfectionnés pendant le XIIIe siècle, on renonça généralement aux archères percées à la base des courtines, car leurs longues fentes indiquaient aux assaillants les points faibles de la muraille. Au XIVe siècle, les courtines redeviennent pleines à la base, et toute la défense se porte aux sommets, lesquels, à cette époque, se munissent de mâchicoulis de pierre avec parapets crénelés couverts ou découverts. Lorsque l’artillerie à feu commence à jouer un rôle important dans l’attaque des places, on perce de nouveau des meurtrières ou des embrasures à la base des courtines pour battre le fond du fossé. Puis, vers la fin du XVe siècle, on terrasse les courtines intérieurement, autant pour résister aux batteries de brèche que pour placer de l’artillerie au niveau des chemins de ronde. Au XVIe siècle, on dresse souvent, devant les courtines et au niveau de la

  1. Le Roman de Garin de Loherain, t. I, p, 169. Édit. Techener ; 1833. Du Cange explique ainsi le mot aléoirs, le chemin de ronde qui sert de défense supérieure à la courtine : « Certa pars archeariarum, seu fenestricularum in urbium et castrorum muris, per quas sagittarii sagittas in obsidentes emittebant. »