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[contre-fort]
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l’élévation de ces contre-forts, et (15) leur plan, à la hauteur du passage extérieur qui règne au-dessous des appuis des fenêtres tout au pourtour du chevet.

centrér


Il n’est pas douteux qu’ici l’architecte a voulu opposer à la courbe des pressions exercées par les arcs de la voûte une buttée oblique, résistante par sa masse et par la coupe de son profil, composée d’une succession de retraites, mais qu’il n’a pas songé encore à neutraliser la poussée oblique par une surcharge verticale. On s’aperçut bientôt que ces glacis répétés étaient dégradés par les eaux pluviales tombant en cascade de l’un sur l’autre ; qu’il n’était pas besoin de donner aux contre-forts une largeur aussi forte, puisque la résultante des poussées n’agissait que dans leur axe, et qu’il suffisait d’assurer leur stabilité par une largeur proportionnée à leur hauteur, en les considérant comme des portions de murs. Les contre-forts des chapelles absidales de la cathédrale du Mans, bâties vers 1220, en conservant le principe admis à Vétheuil, présentent déjà un perfectionnement sensible. Ces contre-forts (16) se retraitent au-dessus de chaque glacis, et ils sont couronnés par des gargouilles qui jettent les eaux du comble loin des retraites supérieures. Il faut dire que ces chapelles sont bâties sur le penchant d’un escarpement, et qu’il a fallu donner aux contre-forts un empattement considérable pour maintenir la construction, dont le sol intérieur est élevé de cinq mètres environ au-dessus du sol extérieur. Vers le milieu du XIIIe siècle, les architectes renoncèrent définitivement aux glacis : ils montèrent leurs contre-forts verticalement sur les faces latérales, sauf un empattement à la base, en les