Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 4.djvu/298

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[contre-fort]
— 295 —

buttant, d’une masse résistante. Mais dans les provinces où les traditions gallo-romaines s’étaient conservées, comme en Bourgogne, en Auvergne, dans le Poitou, la Saintonge et le Languedoc, jusqu’à la fin du XIIe siècle, les architectes cherchent à donner à leurs contreforts l’apparence d’une ordonnance romaine, c’est-à-dire qu’ils les composent d’une ou de plusieurs colonnes engagées, surmontées de leurs chapiteaux, et portant l’entablement, réduit à une simple tablette moulurée.

Nous voyons, à l’extérieur des chapelles absidales des églises d’Auvergne, d’une partie de la Guyenne, du Bas-Languedoc et du Poitou, des contre-forts composés d’après ce système (voy. Chapelle, fig. 27 et 33). En Bourgogne, souvent ces contre-forts-colonnes se terminent par un talus posé sur le chapiteau, ainsi que le fait voir la fig. 13[1]. Quelquefois même, les contre-forts du XIIe siècle, dans la Haute-Marne et le long de la Saône, affectent, sur leur face antérieure, la forme de pilastres romains cannelés, avec chapiteaux imités de l’ordre corinthien, comme autour de l’abside de la cathédrale de Langres. Les contre-forts des chapelles absidales de l’église Notre-Dame de Châlons-sur-Marne ne sont que des colonnes engagées, cannelées, dont les chapiteaux portent des statuettes couvertes de dais se mariant avec la corniche. Ces traditions furent complètement rejetées par les artistes du XIIIe. Dans l’architecture de cette époque, et

  1. De l’obédience de Saint-Jean-les-Bons-Hommes, près Avallon (voy. Architecture