Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 4.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[construction]
[principes]
— 22 —

pouvait bâtir après coup ou supprimer. Il fallait une assiette à ces formerets, un point d’appui particulier ; les constructeurs romans ajoutèrent donc, à cet effet, un nouveau membre à leurs piles, et la voûte d’arête prit naissance dans l’angle rentrant formé par le sommier de l’arc doubleau et celui du formeret, ainsi que l’indique la fig. 10. A est l’arc doubleau : B le formeret, C l’arête de la voûte ; le plan de la pile est en D. Mais si la pile était isolée, si une nef était accompagnée de bas-côtés, elle prenait en plan la fig. 10 bis. A est l’arc doubleau de la grande voûte, B sont les archivoltes portant le mur. Au-dessus de ces archivoltes, ce mur se retraite en F de manière à permettre aux pilastres G de porter les formerets supérieurs. C est l’arc doubleau du collatéral ; D les arêtes des voûtes de ce collatéral, et H celles des voûtes hautes. Les voûtes des collatéraux sont bandées sur les arcs doubleaux C, les extrados des archivoltes B et sur un formeret noyé en partie dans le mur du bas-côté, et portant comme les formerets supérieurs de la fig. 10. Ainsi donc déjà les membres des voûtes donnent la section horizontale des piles, leur forme dérive de ces membres. Cependant ces voûtes étaient contre-buttées d’une manière insuffisante, des mouvements se faisaient sentir dans les piles ; par suite, les nerfs principaux des voûtes, les arcs doubleaux se déformaient. Ne sachant comment maintenir les poussées, les constructeurs se préoccupèrent d’abord de rendre leur effet moins funeste. Ils avaient observé que plus les claveaux d’un arc présentent une grande section de l’intrados à l’extrados, et plus les mouvements qui se produisent dans cet arc occasionnent de désordre. Ils n’étaient pas les premiers qui eussent reconnu cette loi. Les