Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 4.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[construction]
[civile]
— 220 —

on se contentait de poser, pendant la période romane, des planchers sur deux rangées parallèles d’arcs plein-cintre. On pouvait, par ce moyen, élever plusieurs étages les uns sur les autres, sans craindre de voir les murs latéraux se déverser, puisqu’ils étaient composés de contre-forts donnant une suite de piliers à l’intérieur et réunis par des arcs qui les étrésillonnaient ; sous ces arcs, on ouvrait des baies autant que le besoin l’exigeait pour donner de l’air et de la lumière aux salles.


Les fig. 115, 116, 117 et 118, qui nous présentent une des maisons élevées au XIIIe siècle dans la ville de Cluny, conservent encore les restes de cette tradition romaine, car le mur de face de cette maison ne se compose, en réalité, que d’une suite d’arcs en décharge masqués derrière le parement extérieur. Si cette combinaison se prêtait aux constructions civiles les plus ordinaires, elle était également favorable aux constructions militaires, ainsi que nous le verrons bientôt ; elle fut appliquée fort tard encore dans la construction des grand’salles des châteaux et des évêchés, puisque la salle de Henri II à Fontainebleau nous en montre un des derniers exemples, qu’avant elle on voyait une salle du XIIIe siècle dans l’enceinte du château de Montargis, et que l’on voit encore à Angers, près de la cathédrale, une ancienne salle synodale du XIIe siècle, élevées toutes deux d’après ce principe (voy. Salle ).

Ce qu’il est fort important de constater dans les constructions civiles du moyen âge, c’est l’attention avec laquelle les constructeurs prévoient jusqu’aux moindres détails de la bâtisse. Ont-ils un plancher à monter,