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[construction]
[voûtes]
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Anglo-Normands transformèrent la coupole de l’Ouest en une voûte d’une forme très-éloignée en apparence de la voûte hémisphérique. Nous avons dit tout à l’heure comment les constructeurs de l’Aquitaine, de l’Anjou, du Maine et de l’Angleterre, avaient été entraînés à ajouter un nerf de plus à la voûte en arcs d’ogive pour cacher le croisement des moellons de remplissage sous la ligne des clefs ; c’est-à-dire, comment ils divisèrent une voûte carrée ou barlongue en huit triangles au lieu de quatre. Ce point de départ a une si grande importance, que nous demandons à nos lecteurs la permission d’insister.

Supposons une voûte en arcs d’ogive faite moitié par des Français au commencement du XIIIe siècle et moitié par des Anglo-Normands. La voûte française donnera, en projection horizontale (64), le tracé A ; la voûte anglo-normande, le tracé B. Dès lors, rien de plus naturel que de réunir la clef du formeret C à la clef des arcs ogives D par un nerf saillant masquant la suture formée par la rencontre des triangles de remplissage en moellon ECD, FCD. Ces triangles de remplissage dérivent évidemment de la voûte en coupole, ou plutôt ce sont quatre pendentifs qui se rencontrent en CD. Les voûtes de l’Aquitaine ou anglo-normandes gothiques primitives ont d’ailleurs les clefs des formerets à un niveau inférieur aux clefs des arcs ogives, et leur ossature présente la fig. 65. Cette figure fait bien voir que la voûte anglo-normande n’est autre chose qu’une coupole hémisphérique pénétrée par quatre arcs en tiers-point, car les arcs ogives sont des pleins cintres. Sur cette ossature, les rangs des remplissages en moellon sont bandés ainsi qu’il est marqué en G, tandis qu’en France, sur deux arcs ogives et quatre formerets de mêmes dimension et figure, les rangs des remplissages en moellon sont bandés conformément au tracé H. Donc, quoique les nerfs principaux des voûtes en France ou en Angleterre puissent être identiques comme tracé, en France le remplissage dérive évidemment de la voûte d’arête romaine, tandis qu’en Angleterre il dérive de la coupole. Jusqu’alors, bien que les principes de construction