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[voûtes]
[construction]
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comprirent que très-tard la voûte d’arête gothique, et qu’ils en adoptèrent l’apparence, mais non la véritable structure.

Chacun sait que les claveaux qui composent une coupole donnent en projection horizontale une succession de cercles concentriques, ainsi que l’indique la fig. 61. A étant la coupe et B le quart de la projection horizontale d’une coupole hémisphérique. Lorsque le système de la construction gothique prévalut dans le domaine royal, et que les architectes reconnurent le parti qu’on en pouvait tirer, on voulut bientôt l’adopter dans toutes les provinces occidentales du continent. Mais ces provinces diverses, séduites par la forme, par les allures franches et les facilités que présentait la nouvelle architecture pour vaincre des obstacles jusqu’alors insurmontables, ne purent cependant laisser brusquement de côté des traditions fortement enracinées parmi les praticiens ; il en résulta une sorte de compromis entre la structure et la forme. Au XIIe siècle, on voit élever, sur toute la ligne qui se prolonge du Périgord à la Loire vers Angers et au delà, des voûtes qui, comme structure, sont de véritables coupoles, mais qui cherchent à se soumettre à l’apparence des voûtes d’arête. Ce sont des coupoles sous lesquelles deux arcs diagonaux ont été bandés, plutôt comme une concession au goût du temps que comme un besoin de solidité ; car, par le fait, ces arcs ogives, très-faibles généralement, ne portent rien, sont même souvent engagés dans les remplissages et maintenus par eux. Cette observation est d’une importance majeure ; nous verrons tout à l’heure quelles en furent les conséquences. Cependant ces faiseurs de coupoles quand même ne furent pas longtemps sans reconnaître que la structure de leurs voûtes n’était nullement en harmonie avec leur forme apparente. Le mouvement était imprimé déjà sur presque toute la surface de la France actuelle vers la fin du XIIe siècle ; il fallait se soumettre au mode de construction inventé par les artistes du Nord ; il fallait abandonner les traditions romanes : elles étaient épuisées ; les populations les repoussaient parce qu’elles ne suffisaient plus aux besoins,