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Les architectes romans placèrent souvent, dans les cloîtres, les galeries, dans les baies jumelles, des colonnettes isolées ou accouplées portant des arcs ; ces colonnettes sont faites en pierre dure et même en marbre. Dans les cloîtres des provinces méridionales, elles sont souvent sculptées ; leurs fûts sont ornés de torsades, de cannelures, d’enroulements, de rinceaux, de feuillages, d’imbrications, quelquefois même de sujets légendaires. Le cloître d’Elne près Perpignan présente une quantité de ces colonnettes de marbre dont tous les fûts sont couverts d’ornements variés des XIIe et XIVe siècles.

Nous donnons (1) deux de ces fûts : l’un, celui A, date du XIIe siècle ; l’autre, celui B, appartient à la restauration entreprise au XIVe[1].

L’antiquité romaine et beaucoup de monuments gallo-romains possédaient déjà des colonnes ornées de sculptures peu saillantes ; cette tradition fut suivie par les architectes des XIe et XIIe siècles. Cependant ceux-ci n’employèrent ce genre de décoration que dans des cas particuliers, pour les cloîtres, ainsi que nous venons de le dire, et pour les portails, afin de donner une grande richesse apparente aux entrées des édifices. Le XIIe siècle fut prodigue de colonnettes sculptées. Il nous suffira d’en donner quelques exemples. Ceux présentés (2) proviennent de l’église paroissiale de Tournus, XIIe siècle (basse ville). La cathédrale d’Autun, les églises de Saint-Andoche de Saulieu, de l’abbaye de Vézelay, de Saint-Lazare d’Avallon, et en général les monuments de la Saône, du Rhône, de la Haute Marne et de la Haute Loire, montrent, sur leurs portails, des colon-

  1. Nous devons ces dessins à l’obligeance de M. Laisné, architecte.