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midi est de beaucoup la plus agréable dans notre climat, et il n’est pas surprenant que les religieux l’aient adoptée pour leur cloître. Mais, dès une époque très-reculée, les évêchés avaient naturellement pris cette situation comme la meilleure, et le côté nord des cathédrales restait seul pour bâtir les cloîtres.

Les dispositions des cloîtres d’abbayes ne furent guère modifiées jusqu’au XVIe siècle ; tandis que les cloîtres des cathédrales, au contraire, subirent de notables changements, par suite des usages des chapitres, plus variables que ceux des religieux réguliers. On continuait à désigner sous la dénomination de cloître des cathédrales des amas de constructions qui n’avaient plus rien, dans leur ensemble ou leurs détails, des dispositions que nous avons indiquées en commençant cet article. Ainsi, par exemple, le cloître de Notre-Dame de Paris, du temps de Louis le Gros, se composait de maisons canoniales bâties dans son enceinte et de plusieurs autres au dehors. Ce prince, avant de monter sur le trône, fit abattre une partie de ces maisons sises hors du cloître, mais qui jouissaient cependant des mêmes franchises que celles de l’intérieur ; il répara ce tort fait au chapitre le jour de son mariage. Au commencement du XIVe siècle, le cloître de Notre-Dame de Paris, qui s’étendait, au nord et à l’est de la cathédrale, jusqu’aux bords de la Seine, renfermait trente-sept maisons canoniales. « Lorsqu’un chanoine venait à mourir[1], la maison, si elle était dans le cloître, pouvait être occupée par la famille pendant quinze jours ; ensuite elle était visitée par le chapitre, et réparée, s’il y avait lieu, aux frais de la succession du défunt ; puis elle était vendue par licitation à un autre chanoine, sur la mise à prix fixée par le chapitre. Dans le cas où l’adjudicataire aurait eu déjà une maison dans le cloître, il pouvait la vendre, toujours à un chanoine, et disposer du prix à sa volonté ; mais le prix de la maison du chanoine défunt devait être converti en rentes pour la célébration de son anniversaire… Tout chanoine qui recevait une maison dans le cloître était tenu de jurer que, dans l’année précédant le jour où il l’avait reçue, il avait fait son stage à Paris pendant vingt semaines, en passant une heure par jour soit au chapitre, soit dans l’église, et qu’il se proposait d’agir de même dans la suite. Il s’engageait en outre, par serment, à entretenir la maison et ses dépendances en aussi bon état, sinon en meilleur état qu’elles lui avaient

    sons, de Saint-Front de Périgueux, de Poissy, de Sainte-Geneviève à Paris, de la Trinité de Caen, etc., et particulièrement de l’abbaye type de l’abbé de Saint-Gall (voy. Architecture Monastique, fig. 1), sont situés sur le flanc méridional de l’église ; tandis que les cloîtres des cathédrales de Paris, de Noyon, de Rouen, de Reims, de Beauvais, de Séez, de Bayeux, de Puy-en-Vélay, etc., étaient situés au nord. Quelquefois le cloître et l’évêché se touchent et sont tous deux bâtis du côté méridional, comme à Langres, à Évreux, à Verdun ; mais ce sont là des exceptions ; les évêques et les chapitres préféraient généralement occuper des terrains séparés par l’église.

  1. Voy. le Cartul. de l’égl. N.-Dame de Paris, publ. par M. Guérard, et la préface, p. CIX.