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supérieur[1]. Ce dernier plan est, comme on peut le vérifier, exactement superposé aux piles inférieures. On remarquera la disposition curieuse du plan fig. 11, qui présente une suite de niches intérieures et extérieures se pénétrant avec beaucoup d’adresse et de manière à reporter les charges sur les angles de la tour.

Mais, au XIe siècle déjà, l’Auvergne possédait des constructeurs d’une rare habileté et beaucoup plus savants que ceux des autres provinces de la France (voy. Construction). Le clocher de la cathédrale du Puy-en-Vélay, quelles que soient son importance et les dimensions de sa bâtisse, ne pouvait cependant contenir que des cloches assez petites, ainsi que sa coupe fig. 8 le fait voir, et certainement ceux qui l’ont bâti songeaient autant à faire une tour élevée, un monument propre à être aperçu de loin, à signaler l’église, qu’à loger des cloches, car ils eussent pu obtenir ce dernier résultat à beaucoup moins de frais. En examinant la coupe, il est facile de reconnaître que la partie du clocher destinée aux cloches se trouvait comprise entre les niveaux B et C, tandis que le dernier étage est bien plutôt une loge de guetteur qu’un beffroi. Les évêques étaient seigneurs, et, comme tels, devaient poster des guetteurs au sommet des tours des églises, comme les seigneurs laïques le faisaient au sommet du donjon de leurs châteaux. Ces guetteurs de jour et de nuit étaient, on le sait, chargés de signaler aux habitants des cités, en tintant les cloches ou en soufflant dans des cornets, les incendies, les orages, l’approche d’un parti ennemi, le lever du soleil, l’ouverture et la fermeture des portes de la cathédrale et des cloîtres.

Nous donnons (13) l’élévation du clocher de la cathédrale du Puy.

Il est certain que les architectes qui élevèrent les clochers les plus anciens cherchèrent, pour les couronner, des dispositions surprenantes et de nature à exciter l’admiration ou l’étonnement. Il n’était pas besoin, pour placer des cloches, de ces combinaisons étudiées ; on voulait, avant tout, attirer l’attention des populations en érigeant, à côté de l’église ou sur ses constructions inférieures, un monument qui fût aperçu de loin et qui, par sa forme, contrastât avec les tours des châteaux ou des palais, en rivalisant de hauteur avec elles.

Dès le XIe siècle, les clochers des églises cathédrales servaient souvent de beffroi pour les villes (voy. Beffroi), et la cité était aussi intéressée que le chapitre à marquer sa richesse et sa puissance par des constructions hardies dominant les habitations privées et les monuments publics.

Le clocher de la cathédrale du Puy est une tour reliée au corps de l’édifice, mais qui n’est point posée sur un porche ou sur la croisée de

  1. Ces plans sont à l’échelle de 0,005m pour mètre. Nous les devons à l’obligeance de M. Mallay, ancien architecte de la cathédrale du Puy.