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qui est probable, appartenaient-ils aux derniers débris de la décadence romaine sous les Mérovingiens ? Nous ne saurions décider la question. Les monuments qui nous restent, n’étant évidemment que des dérivés d’édifices antérieurs, il nous faut les prendre tels qu’ils sont, sans essayer d’indiquer d’où ils viennent.

Il existe, sur le flanc de l’église abbatiale de Brantôme (Dordogne), non loin de Périgueux, un gros clocher bâti sur le roc qui longe cette église et sans communication avec elle. C’est une tour isolée ; afin de l’élever davantage au-dessus des combles de l’église, les constructeurs ont profité d’une falaise escarpée présentant un relief de douze mètres environ au-dessus du pavé de la nef. L’étage inférieur du clocher de Brantôme formait autrefois, avant le bouchement de cinq de ses arcades, une salle fermée d’un côté par un gros mur adossé au roc, et ouverte sur trois côtés par six arcs épais. Une voûte elliptique surmonte cette salle, dont la construction est des plus curieuses et assez savante.

Voici (2) le plan de ce rez-de-chaussée. Au-dessus est une seconde salle, fermée de même, du côté nord, par le gros mur contenant un escalier à rampes droites et ajourées, sur les trois autres faces, en arcades divisées par des colonnes (voy. le plan de ce premier étage, fig. 3). Cette salle n’était pas voûtée, mais recevait un plancher qui portait évidemment le beffroi en charpente. Nous donnons (4) la coupe du clocher de Brantôme sur la ligne A B des deux plans ci-dessus. Cette coupe indique une construction savante, bien calculée, dans laquelle les retraites des étages supérieurs sont habilement supportées par l’inclinaison des parements intérieurs de l’étage C contenant la souche du beffroi. Afin d’épauler les faces des étages supérieurs du clocher, qui sont assez minces, de grands pignons pleins surmontent les arcades D et de petits contreforts renforcent les angles. L’élévation (5) fait comprendre cette disposition. Le plan de ce clocher n’est pas un carré parfait, mais parallélogramme, afin de laisser un libre mouvement aux cloches. Suivant un usage fort ancien, qui appartient au Quercy et que nous voyons encore adopté aujourd’hui dans les constructions particu-