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mortaises et serrées par une clavette ou une cheville.


On avait le soin de tailler ces clefs dans du bois de fil, bien sain et sans nœuds, afin qu’elles pussent être facilement chassées à coup de masse dans les mortaises. Nous donnons (27), en A, une de ces clefs non posée, et, en B, deux clefs posées pour serrer deux moises contre une pièce de bois horizontale. La tête C de la clef portait contre une moise, tandis que la clavette D, enfoncée à force, venait serrer le tout.

Mais, dans certaines fermes armées au moyen de moises ou aiguilles pendantes, si, par exemple, un entrait étant destiné à porter une charge considérable, on voulait le soulager de distance en distance au moyen de moises en bois suspendues aux arbalétriers, alors, au lieu de boulonner ces moises pendantes après les arbalétriers au moyen de boulons en fer, ainsi que cela se pratique aujourd’hui, on passait des clefs en bois à cheval sur ces arbalétriers. Dans ce cas, on donnait une grande force aux clefs de bois.

La fig. 28 nous donnera la disposition de cette pièce de charpente. Soit A l’entrait qu’il s’agit de soulager, B l’arbalétrier, on posait deux moises pendantes CC qui venaient s’assembler et s’embréver dans une clef D supérieure ; deux chevilles empêchaient les moises de sortir de leur embrévement et de quitter les tenons ; une cale G, taillée en coin, évitait le glissement de la clef supérieure sur l’arbalétrier incliné ; en E était une autre clef également embrévée, suspendant l’entrait. Un pareil assemblage avait une grande puissance. C’est ainsi que les entraits des fermes qui portent les poteaux d’arêtiers de la flèche de la cathédrale