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[châtelet]
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ment du XVe siècle : l’un, celui du port, est appelé la Darse ; « l’autre chastel, feit édifier en la plus forte place de la ville, et est appellé Chastellet, qui tant est fort que à peu de deffence se tiendroit contre tout le monde. Si est faict par telle manière que ceulx d’iceluy chastel peuvent aller et venir, maugré tous leurs ennemis, en l’autre chastel qui sied sur le port que on dict la Darse[1]. »

Ce qui paraît distinguer particulièrement le châtelet du château, c’est que le premier est une construction uniquement destinée à la défense ou à la garde d’un poste, d’un défilé, d’un pont ou même d’une ville, ne possédant pas, comme le château, des bâtiments d’habitation et de plaisance ; le châtelet n’est pas une résidence seigneuriale, c’est un fort habité par un capitaine et des hommes d’armes. C’est donc sa destination secondaire, et non son importance comme étendue et force, qui en fait un diminutif du château.

Quelquefois le châtelet n’était qu’une seule grosse tour carrée à cheval sur un passage, ou même un ouvrage palissadé avec quelques flanquements (voy. Bastide, bastille, Porte).

CHEMIN de ronde, s. m. Allée des murs. C’était la saillie du rempart derrière les merlons, nécessaire à la défense et à la circulation. Les merlons étant posés sur le parement extérieur des murailles, et ayant une épaisseur qui variait de 0,38 c. à 0,58 c. (14 à 21 pouces), il restait en dedans du rempart un couronnement de maçonnerie que l’on recouvrait de dalles et qui formait le chemin de ronde. Naturellement, les chemins de ronde étaient plus ou moins larges en raison de l’épaisseur du rempart. Lorsque le mur n’avait qu’une épaisseur médiocre, le dallage du chemin de ronde débordait à l’intérieur, afin de suppléer à la maçonnerie et de permettre à deux hommes, au moins, de passer de front.

Pendant la période carlovingienne, les chemins de ronde des remparts étaient mis en communication directe avec le terre-plain intérieur au moyen d’emmarchements assez rapprochés. Plus tard, à partir du XIIe siècle, on ne pouvait généralement circuler sur les chemins de ronde qu’en passant par les tours et les escaliers qui desservaient leurs étages. Les habitants d’une ville n’en avaient pas ainsi la libre jouissance, et ils étaient uniquement réservés à la garnison. Dès une époque fort ancienne, en temps de guerre, les chemins de ronde étaient élargis au moyen de galeries de bois couvertes, posées en encorbellement en dehors des merlons, galeries désignées sous les noms de hourds dans le Nord, de corseras en Languedoc. Au XIVe siècle, les chemins de ronde furent munis de mâchicoulis en pierre, couverts ou découverts. Plus tard encore, après l’emploi de l’artillerie à feu dans la défense des places, des chemins de ronde en bois furent quelquefois posés par-dessus les parapets percés d’embrasures,

  1. Le livre des faicts du mareschal de Boucicaut, chap. IX, Coll. des mem. pour servir à l’hist. de France.