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puisse se procurer aujourd’hui, fait voir en SHLI des parties de l’enceinte de Paris élevée par Philippe-Auguste. La configuration générale de ce plan, qui se rapporte à la description de Guillaume de Lorris, fait voir que Charles V conserva les tours, les portes et le donjon du XIIIe siècle. La description de Guillaume de Lorris n’existerait-elle pas, que la forme, le diamètre, l’espacement des tours, la disposition des portes se rapprochent bien plus du système défensif adopté au commencement du XIIIe siècle que de celui du XIVe. Le tableau conservé autrefois dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et qui date du commencement du XVe siècle, représentant le Louvre et l’abbaye, les gravures d’Israël Sylvestre, n’indiquent pas, pour les tours, les dispositions de défense usitées du temps de Charles V, mais bien plutôt celles employées du temps de saint Louis. Toutefois, Charles V suréleva les courtines et y adossa des bâtiments d’habitation (c’est l’opinion de Sauval) ; il fit bâtir le grand escalier et la galerie mettant le donjon en communication avec la porte du nord. Peut-être qu’il franchit le périmètre du château de Philippe-Auguste, du côté J vers l’ouest, en élevant sur ce point des corps de logis très-épais. Il semblerait que les constructions primitives s’arrêtaient de ce côté à la tour Z, et que le mur intérieur de l’aile occidentale était l’ancienne courtine. Alors le donjon, plus rapproché de cette courtine, devait mieux commander la campagne vers le point où une attaque sérieuse était le plus à craindre. Les constructions entreprises par Charles V furent confiées à Raimond du Temple, son « bien aimé sergent d’armes et maçon[1]. »

La porte de la ville (voy. la fig. 20) donnait issue entre deux murs flanqués de tournelles, le long de la rivière, et aboutissait à une première porte extérieure K donnant sur la berge, au point où se trouve aujourd’hui le balcon de la galerie d’Apollon. À côté de cette porte était la tour du Bois, qui correspondait à la tour de Nesle sur l’emplacement de l’Institut. On entrait, de la ville, dans les lices du Louvre par la porte H ; c’était la porte principale. Mais, pour pénétrer dans le château, il fallait traverser un châtelet N construit en avant du fossé. La tour I faisait le coin sur la Seine, vers Paris. En A était le donjon de Philippe-Auguste, entouré de son fossé particulier B ; son entrée en C était protégée par un corps-de-garde G. En F était une fontaine. Un large fossé à fond de cuve, avec contrescarpe revêtue, chemin de ronde et échauguettes, régnait en U tout autour du château. Les basses-cours du côté de la ville se trouvaient en R entre la muraille de Philippe-Auguste et le fossé. Du côté du nord en W et sur le terre-plain O étaient plantés des jardins avec treilles. Les tours d’angle X et la porte principale avec ses deux tours Y devaient appartenir

  1. Voy. les Titres concern. Raimond du Temple, archit. du roi Charles V. Bib. de l’École des chartes, 2e série, t. III, p. 55. Raimond du Temple cumulait, auprès du roi Charles V, les fonctions de sergent d’armes et de maître des œuvres, et les titres dont il est ici question font connaître les sentiments d’estime que le roi de France professait pour son garde-du-corps, architecte.