Riens n’i puet entrer qui n’afont (qui ne tombe au fond).
« Desor fu li ponz tornéiz
« Moult bien tornez toz coléiz[1].
« Desor la tor sont les perrieres
« Qui lanceront pierres plenieres[2] :
« N’est nus hom qui en fust féruz,
« Qui à sa fin ne fust venuz.
« Les archières sont as querniax
« Par où il trairont les quarriax
« Por damagier la gent le roi.
« Moult est Renart de grant desroi
« Qui si contre le roi s’afete (se prépare).
« Sor chascune tor une gaite
« A mise por eschargaitier[3],
« Qar il en avoit grant mestier (grand besoin).
« Moult fut bien d’eye (d’eau) avironez,
« Einsi s’est Renart atornez.
« Hordéiz ot et bon et bel,
« Par defors les murs dou chastel[4]
« Ses barbacanes fist drecier
« Por son chastel miaux enforcier[5].
« ........... »
Il mande des soldats, des gens de pied et à cheval pour défendre le château ; ils se rendent en grand nombre à son appel.
« ....Grant joie en fist
« Renart, et maintenant les mist
« Es barbacanes por deffense[6],
« Nus ne puet savoir ce qu’il pense,
« Moult s’est Renart bien entremis
« D’aide faire à ses amis,
« Que bien quide sanz nul retor
« Qu’il soit assis dedenz sa tor[7]. »
- ↑ Il fait faire un pont à bascule (voy. Pont ).
- ↑ Il est encore question ici d’engins fixes dressés sur les chemins de ronde des tours.
- ↑ Il fait élever une guette sur chaque tour pour guetter les dehors.
- ↑ Il fait faire des hourds en dehors des murs (voy. Hourd).
- ↑ Des ouvrages avancés en bois pour défendre les dehors.
- ↑ En temps de guerre, on faisait faire, en dehors des châteaux, de grandes barbacanes de bois, que l’on garnissait de gens d’armes appelés par le seigneur. Celui-ci n’aimait guère à introduire, dans l’enceinte même du château, des soudoyers, les hommes qui lui devaient un service temporaire, et de la fidélité desquels il ne pouvait être parfaitement assuré.
- ↑ Ce dernier trait peint les mœurs du seigneur féodal. Personne du dehors ne connaît ses desseins.