Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 3.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[chateau]
— 129 —

Riens n’i puet entrer qui n’afont (qui ne tombe au fond).
« Desor fu li ponz tornéiz
« Moult bien tornez toz coléiz[1].
« Desor la tor sont les perrieres
« Qui lanceront pierres plenieres[2] :
« N’est nus hom qui en fust féruz,
« Qui à sa fin ne fust venuz.
« Les archières sont as querniax
« Par où il trairont les quarriax
« Por damagier la gent le roi.
« Moult est Renart de grant desroi
« Qui si contre le roi s’afete (se prépare).
« Sor chascune tor une gaite
« A mise por eschargaitier[3],
« Qar il en avoit grant mestier (grand besoin).
« Moult fut bien d’eye (d’eau) avironez,
« Einsi s’est Renart atornez.
« Hordéiz ot et bon et bel,
« Par defors les murs dou chastel[4]
« Ses barbacanes fist drecier
« Por son chastel miaux enforcier[5].
« ........... »

Il mande des soldats, des gens de pied et à cheval pour défendre le château ; ils se rendent en grand nombre à son appel.

« ....Grant joie en fist
« Renart, et maintenant les mist
« Es barbacanes por deffense[6],
« Nus ne puet savoir ce qu’il pense,
« Moult s’est Renart bien entremis
« D’aide faire à ses amis,
« Que bien quide sanz nul retor
« Qu’il soit assis dedenz sa tor[7]. »

  1. Il fait faire un pont à bascule (voy. Pont ).
  2. Il est encore question ici d’engins fixes dressés sur les chemins de ronde des tours.
  3. Il fait élever une guette sur chaque tour pour guetter les dehors.
  4. Il fait faire des hourds en dehors des murs (voy. Hourd).
  5. Des ouvrages avancés en bois pour défendre les dehors.
  6. En temps de guerre, on faisait faire, en dehors des châteaux, de grandes barbacanes de bois, que l’on garnissait de gens d’armes appelés par le seigneur. Celui-ci n’aimait guère à introduire, dans l’enceinte même du château, des soudoyers, les hommes qui lui devaient un service temporaire, et de la fidélité desquels il ne pouvait être parfaitement assuré.
  7. Ce dernier trait peint les mœurs du seigneur féodal. Personne du dehors ne connaît ses desseins.