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certaine ne vient appuyer cette conjecture, qui n’a rien de contraire d’ailleurs aux idées du moyen âge, et que nous ne donnons ici que comme explication ingénieuse, sinon complètement satisfaisante.

B

BADIGEON, s. m. Le badigeon est une peinture d’un ton unique l’on passe indistinctement sur les murs et les divers membres d’architecture extérieurs ou intérieurs d’un édifice. Ce n’est guère que depuis deux siècles que l’on s’est mis à badigeonner à la colle ou à la chaux les édifices, afin de dissimuler leur vétusté et les inégalités de couleur de la pierre, sous une couche uniforme de peinture grossièrement appliquée. La plupart de nos anciennes églises ont été ainsi badigeonnées à l’intérieur à plusieurs reprises, de sorte que les couches successives de badigeon forment une épaisseur qui émousse tous les membres de moulures et la sculpture. Souvent le badigeon est venu couvrir d’anciennes peintures dégradées par le temps ; il est donc important de s’assurer, lorsqu’on veut enlever le badigeon, s’il ne cache pas des traces précieuses de peintures anciennes ; et dans ce cas il ne doit être gratté ou lavé qu’avec les plus grandes précautions[1].

BAÉE, BÉE, s. f. Ancien mot encore usité dans la construction, qui signifie le vide d’une porte, d’une fenêtre, d’une ouverture quelconque percée dans un mur ou une cloison (voy. Fenêtre, Porte).

BAGUE, s. f. On désigne par ce mot un membre de moulure qui divise horizontalement les colonnes dans leur hauteur. Lorsqu’au XIIe siècle on remplaça les grosses piles carrées ou cylindriques dans les édifices par des faisceaux de colonnettes d’un faible diamètre, ces colonnettes,

  1. On peut enlever le badigeon, suivant sa qualité, de plusieurs manières. Lorsqu’il est épais et qu’il se compose de plusieurs couches, que la pierre sur laquelle il a été posé n’est pas poreuse, on le fait tomber facilement par écailles au moyen de râcloirs de bois dur. S’il cache d’anciennes peintures, ce procédé est celui qui réussit le mieux, car, alors il laisse à nu et n’entraîne pas avec lui les peintures appliquées directement sur la pierre. Si, au contraire, la couche de badigeon est très-mince, la méthode humide est préférable. Dans ce cas, on humecte à l’eau chaude, au moyen d’éponges ou de brosses, les parties de badigeon que l’on veut enlever, et lorsque l’humidité commence à s’évaporer, on râcle avec les ébauchoirs de bois. Presque toujours alors le badigeon tombe comme une peau. Le lavage à grande eau est le moyen le plus économique, et réussit souvent ; on peut l’employer avec succès, si le badigeon est mince et s’il ne recouvre pas d’anciennes peintures. En tous cas, il faut se garder d’employer des grattoirs de fer qui, entre les mains des ouvriers, enlèvent avec le badigeon la surface de la pierre, émoussent et déforment les profils et altèrent les sculptures, surtout si la pierre est tendre.