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de la place assignée à ce bloc de pierre, et souvent sculptait des feuillages délicats autour de chapiteaux destinés à une grande hauteur, des ornements larges autour de ceux qui devaient être placés près de l’œil. Ainsi l’excès de la méthode, le prévu en toute chose amenait la confusion dans l’exécution des détails.

Nous choisirons donc parmi les chapiteaux de cette période de l’art ogival ceux qui paraissent avoir été plus judicieusement sculptés pour la place qu’ils occupent et l’apparence de fonction qu’ils remplissent encore.

La fig. 50 donne un chapiteau du triforium de la cathédrale de Limoges (dernières années du XIIIe siècle). Ce chapiteau ne porte rien ; il n’est qu’un ornement, car les profils de l’arcature posés sur les tailloirs sont exactement ceux de la pile. On voit avec quelle finesse sont rendus et exagérés même les moindres détails des feuilles ; ici plus de crochets, mais toujours deux rangs de feuillages ; quant à la corbeille, son bord est perdu sous la couronne supérieure. Il faut dire en passant que cette sculpture est exécutée dans du granit ; ainsi, à cette époque, l’architecture adoptée est tellement impérieuse, faite, qu’elle ne tient plus compte de la nature des matériaux, même dans l’exécution des détails de la sculpture.

La fig. 51 présente un chapiteau de naissance d’arc ogive de la cathédrale de Carcassonne (commencement du XIVe siècle). La sculpture en est large