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celle du chevet (fig. 41), offre une particularité rare, même au XIVe siècle, c’est que les fenêtres sont couronnées par des gâbles à jour ; or cette partie de la cathédrale de Limoges date de la fin du XIIIe siècle. Pour le reste de la composition de la chapelle du chevet de la cathédrale de Limoges, on retrouve les éléments fournis par Amiens, Beauvais et Cologne.

La fig. 41 fera reconnaître la parenté qui existe entre ces monuments. Toutefois, outre les gâbles à jour qui font exception, à Limoges comme à Clermont, la balustrade des chapelles absidales passe au-devant des gros contreforts séparatifs, et on peut regretter que cette disposition n’ait pas été adoptée antérieurement par les architectes d’Amiens et de Cologne, car elle sert de transition entre le gros contrefort inférieur et celui supérieur servant de buttée aux arcs-boutants ; et de plus, elle rend l’entretien facile, ainsi que le nettoyage des gargouilles. Les chapelles du chevet de la cathédrale de Limoges portent sur un énorme soubassement en granit qui englobe leur base dans sa masse. À partir de ce moment (les dernières années du XIIIe siècle), on ne voit plus que des dispositions particulières aient été prises pour la construction des chapelles absidales ; les mêmes errements sont suivis par les architectes jusqu’au XVIe siècle, quant à l’ensemble, et les différences que l’on pourrait signaler, entre les chapelles du XVe et celles du XIIIe, ne tiennent qu’aux détails de l’architecture qui se modifient.

Nous terminerons donc ici cet article, puisque nous avons, dans le cours du Dictionnaire, l’occasion de revenir sur chacun de ces détails.

CHAPITEAU, s. m. Nom que l’on donne à l’évasement que forme la partie supérieure d’une colonne ou d’un pilastre, et qui sert de transition entre le support et la chose portée.

Les Romains, à partir de l’époque impériale, n’employaient plus, sauf de rares exceptions, dans leurs édifices, que l’ordre corinthien. Plus riche que les autres, se prêtant aux grandes dimensions des monuments, il convenait au goût et aux programmes romains. Mais, dans les derniers temps de la décadence, les sculpteurs étaient arrivés à pervertir étrangement les formes des chapiteaux antiques. Des chapiteaux ionique et corinthien, on avait fait un mélange que l’on est convenu d’appeler le chapiteau composite, mais qui, par le fait, n’est qu’un amalgame assez disgracieux de deux éléments destinés à rester séparés. Déjà même les Romains avaient introduit dans le chapiteau composite des figures, des victoires ailées, des aigles ; ils avaient chargé le tailloir d’ornements, et cherché, dans cette partie importante de la décoration architectonique, la richesse plutôt que la pureté du galbe, si bien comprise par les Grecs. Lorsque dans les Gaules, sous les rois mérovingiens, on voulut élever de nouveaux édifices sur les ruines qui couvraient le sol, les matériaux ne manquaient pas ; la sculpture était un art perdu ; on employa donc tous les anciens fragments que l’on put recueillir dans la construction des bâtisses nouvelles. Des colonnes et des chapiteaux, différents de diamètre et de hauteur,