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de l’Est. D’où venait cet art, comment était-il né dans ces provinces centrales de la France ? Comment se fait-il que, dès le XIe siècle, il se distingue entre tous les styles d’architecture des autres provinces par son extrême finesse ; par son exécution délicate, la pureté de ses profils et l’harmonie parfaite de ses proportions ? La façon dont est disposée la décoration de l’extérieur de ces chapelles dénote un art arrivé à un haut degré. La sculpture n’est pas prodiguée, elle est fine et cependant produit un grand effet par son judicieux emploi. Les incrustations de pierre noire (lave) entre les modillons et au-dessus des archivoltes des fenêtres contribuent à donner de l’élégance à la partie supérieure de ces chapelles, sans leur rien enlever de leur fermeté.

Lorsqu’au XIIe siècle on abandonne les voûtes en cul-de-four pour adopter définitivement la voûte en arcs d’ogive, les constructeurs profitent de ce nouveau mode pour agrandir les fenêtres des chapelles et pour les orner de colonnes dégagées qui reçoivent les arcs et les formerets. C’est d’après ce principe que sont construites les chapelles de l’église abbatiale de Saint-Denis et celles de la cathédrale de Noyon (milieu du XIIe siècle), dont nous avons présenté (28) l’aspect intérieur. Quant aux chapelles de la cathédrale de Senlis, elles ne se composent que de deux travées dont une seule est percée d’une fenêtre.

En voici (29) le plan, (30) la vue extérieure et (31) l’aspect intérieur. À Noyon, l’arc doubleau d’entrée est plein cintre ; à Saint-Leu d’Esserent et à Senlis, il est ogival ; cependant ces chapelles sont construites à la même époque, ou peu s’en faut. Les chapelles de Noyon sont décorées d’une petite arcature plein cintre, celles de Saint Leu et de Senlis en sont dépourvues.

Il faut mentionner un fait important : soit que ces chapelles se compo-