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côté du XIIe siècle. Cette adjonction fut faite avec adresse ; en conservant les voûtes du bas-côté, dont les arcs A B sont anciens, l’architecte du XIVe siècle remplaça la pile C en sous-œuvre, accola les deux piles d’entrée D D aux piles E du collatéral du XIIe siècle, conserva les anciens contreforts F ; et, supprimant celui qui existait derrière la pile C, y substitua un arc aigu venant reporter le poids des constructions supérieures sur la pile G. Une charmante arcature décore l’appui des quatre grandes fenêtres dont les meneaux offrent un dessin d’une pureté remarquable.

Les XIVe, XVe et XVIe siècles bâtirent à proximité, ou attenant aux grandes églises, une quantité innombrable de chapelles ; parmi les plus belles, on doit citer la chapelle de la Vierge bâtie à l’abside de la cathédrale de Rouen (XIVe siècle), les grandes chapelles élevées sur le flanc sud de la cathédrale de Lyon et nord des cathédrales de Châlons et de Langres (XVIe siècle).

Chapelles (comprises dans le plan général des églises). À quelle époque précise des chapelles vinrent-elles entourer le sanctuaire des églises ? Il serait difficile, nous le croyons, de répondre d’une façon catégorique à cette question dans l’état actuel des connaissances archéologiques ; nous n’essayerons même pas de la discuter ; nous nous bornerons à constater quelques faits. Mais, avant tout, nous devons dire que nous ne donnons le nom de chapelles qu’aux absidioles plus ou moins profondes et larges, circulaires, carrées ou à pans, qui s’ouvrent sur les bas-côtés d’une église ; nous rangeons les chapelles posées à l’extrémité des bas-côtés, comme dans la fig. 22 de cet article, ou celles qui s’ouvrent des deux côtés du sanctuaire sur les transsepts, au nombre des absides secondaires. Or nous voyons des chapelles absidales donnant sur le bas-côté qui pourtourne le sanctuaire, dans des églises dont la construction remonte au IXe ou Xe siècle, comme, par exemple, l’église de Vignory. Dans le centre de la France, nous trouvons des chapelles absidales dès le Xe siècle[1]. L’église de Saint-Savin (Poitou) nous donne cinq chapelles s’ouvrant dans le bas-côté du sanctuaire (XIe siècle). L’église Saint-Étienne de Nevers (XIe siècle) en présente trois ; celle de Notre-Dame-du-Port de Clermont (XIe siècle), quatre. Dans d’autres provinces, les chapelles absidales apparaissent beaucoup plus tard. En Normandie, par exemple, les sanctuaires demeurent longtemps, jusqu’à la fin du XIIe siècle, sans bas-côtés et, par conséquent, sans chapelles absidales. En Bourgogne, nous ne les voyons adoptées qu’au XIIe siècle. Les abbayes commencent, dans les provinces du Nord et de l’Est, à élever des

  1. Une importante découverte vient ajouter un fait nouveau à ceux déjà connus. Des fouilles, exécutées dans le sanctuaire de la cathédrale de Clermont, sous la direction de M. Mallay et la nôtre, viennent de faire reconnaître l’ancien plan de la cathédrale primitive, qui date du Xe au XIe siècle ; ces fouilles ont laissé voir quatre chapelles autour du bas-côté du sanctuaire, comme dans l’église de Notre-Dame-du-Port.