Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 2.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[aut]
— 39 —

Il est une chose digne de remarque lorsqu’on examine ces restes précieux, ainsi que ceux qui nous sont encore, et en si grand nombre, conservés à Saint-Denis ;

c’est que, dans les décorations des autels, dans tout ce qui semblait fait pour accompagner dignement le sanctuaire des églises, on s’est préoccupé au moyen âge, surtout en France, d’honorer l’autel, plus encore par la beauté du travail, par la perfection de la main-d’œuvre que par la richesse intrinsèque des matières employées. À la Sainte-Chapelle, ce gracieux sanctuaire n’est composé que de pierre et de bois ; les moyens de décorations employés sont d’une grande simplicité : du verre appliqué, des gaufrures faites dans une pâte de chaux, des peintures et des dorures, n’ont rien qui soit dispendieux. La valeur réelle de ce monument tient à l’extrême perfection du travail lie l’artiste. Toutes les sculptures sont traitées avec un soin, un art, et nous dirons avec un respect scrupuleux de l’objet, dont rien n’approche. N’était-ce pas, en effet, la plus noble manière d’honorer Dieu que de faire passer l’art avant toute chose dans son sanctuaire ? et n’y avait-il pas un sentiment vrai et juste dans cette perfection que l’artiste cherchait à donner à la matière grossière ? Nous avouerons que nous sommes bien plus touchés à la vue d’un autel de pierre sur lequel l’homme a épuisé toutes les ressources de