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niato de Florence, dans la chapelle royale de Palerme, des pupitres pouvant servir de chaires, placés à la gauche de l’autel, à l’entrée du chœur.

Mais en France, aucune de nos anciennes églises n’a conservé, que nous sachions, de chaires à prêcher, ou pupitres pouvant en tenir lieu, antérieurs au XVe siècle. L’usage, à partir du XIIe siècle surtout, était, dans nos églises du Nord, de disposer à l’entrée des chœurs des jubés, sur lesquels on montait pour lire l’épître et l’Évangile et pour exhorter les fidèles, s’il y avait lieu (voy. Jubé). Toutefois ces prédications, avant l’institution des frères prêcheurs, ne se faisaient qu’accidentellement. Jacques de Vitry, écrivain du XIIIe siècle, dit « que Pierre, chantre de Paris, voulant faire connaître les talents extraordinaires de Foulques, son disciple, le fit prêcher en sa présence et devant plusieurs habiles gens dans l’église de Saint-Severin ; et que Dieu donna une telle bénédiction à ses sermons, quoiqu’ils fussent d’un style fort simple, que même tous les sçavans de Paris s’excitoient les uns les autres à venir entendre le prêtre Foulques, qui preschoit, disoient-ils, comme un second saint Paul. Ces faits sont d’environ l’an 1180…[1] » Il est probable que, dans ces cas particuliers, les prédicateurs se plaçaient dans une chaire mobile disposée en quelque lieu de l’église pour la circonstance. La chaire n’était alors, ainsi que l’indique la fig. 1[2], qu’une petite estrade en bois fermée de trois côtés par un garde-corps recouvert sur le devant d’un tapis.

  1. Hist. de la ville et du diocèse de Paris, par l’abbé Lebeuf, t. I, p. 160.
  2. Le Miroir historial. Manusc. de la Bib. imp., no 6731. XVe siècle. Prédic. de saint Paul.